En résumé : À voir, sauf si vous êtes en pleine dépression (écologique ou autre).


[Edit] 11/01/2025 - Clarification du propos et références (paragraphes 3 à 6).


Je suis très sensible aux œuvres qui réfléchissent à la destinée humaine (du destin d’un individu comme Barry Lyndon à celle de l’humanité comme Koyaanisqatsi (la liste est vaste)). La fin fait forcément partie de la question de la destinée (que ce soit avec un soupçon d’humour comme dans le livre « Demain les chiens » ou de façon plus grave) et m’intéresse tout autant, bien qu’il faille que j’y aille mollo sur le sujet, un peu à la fois s’il vous plaît. En effet, si j’ai à peu près fait la paix avec ma propre disparition à venir, j’ai beaucoup plus de mal avec celle de l’humanité. Si je n’ai pas d’enfant, qui sont toujours une survivance pour les parents, c’est l’humanité qui remplit cet office pour moi. C’est d’ailleurs pour ça que je n’arrive pas à tomber dans le discours fataliste « bien fait pour sa gueule, elle n’a qu’à disparaître, les gens sont trop cons » qu’on peut entendre (ou penser) face au dérèglement climatique, à la guerre, aux poussées fasciste, aux pandémies.


Humanité, survit moi, tant qu’il y aura quelqu’un pour aimer une fleur quelque part, un rayon de lumière, une courbe, un parfum, je ne serai pas tout à fait mort. Si jamais quelqu’un suit mes critiques, iel comprendra ma critique positive de « La vie, la mort » de Dan Simmons, car oui, c’est un peu beaucoup le sujet de sa dernière nouvelle. Fin de la digression.


Autant dire que je suis friand du sujet mais que je n’aime pas qu’il soit traité par dessus la jambe. Les films post-apocalyptiques à la Mad Max entrant dans une catégorie ou la vie et survie sont encore possible, voire la renaissance. La question de la fin est très délicate parfois traité très correctement par un film médiocre comme « Silent Running » ou de façon implacable comme « Le cheval de Turin ». Dans les deux cas bien traitée.


J’ai été bien servi avec ce film, mais c’est dans le versant réalisme noir. Ce film est aux frontières du supportable. Bien qu’il y ait un lien avec l’esthétique industrielle des années punks et post-punk de la décennie 80, ici pas d’esthétisation glamoureuse. Bien loin de NIN, loin même des plus rugueux comme Einstürzende Neubauten, loin de films comme « Bunker Palace Hotel » (c’est un de ceux qui me sont venus à l’esprit pour le côté bunker justement), nous ne sommes pas dans l’angoisse adolescente et son érotisation esthétisante de la mort, nous sommes dans la mort brute et totale. Les ravages sont partout dans l’image dès que nous sommes dans ce dehors insensé, quand être dedans, c’est être dans la tombe. Et pourtant, malgré la mort certaine, un filet de vie, même absurde, s’entête à avancer, ou du moins à faire du sur place.


On pourrait aussi voir les actions, touchantes mais vaines, des différents personnages comme une forme de déni face à la situation. La vie continue, même si c’est absurde. Ce qui me renvoie auxœuvres qui tentent de réveiller les consciences (Chaplin, de Funès – plus politique qu’on ne le croit – ou d’un dernier avatar du genre comme le « Don’t Look Up ») et qu’on regarde en retournant bien vite à sa petit vie, incapables de transformer les messages en action collective capable de changer quelque chose. Des rats piégés dans notre cage d’habitudes.


Comme vous le voyez ce film a déclenché bien des réflexions pourtant c’est avant tout un film sensuel qui m’a fait ressentir des choses physiques. C’est certainement là marque de sa grande valeur.


Au moins pour son esthétique, ce film est à voir. Un chaos de ruines démentes comme sépulcre à l’humanité. Toute progression physique est difficile, empêchée. Toute résistance semble absurde et pourtant…


Ne voulant pas éventer la fin, je vous la livre sous spoiler (vu que j’évente la fin d’un autre film au passage)

L’image de fin contient le film tout entier. Image sublime, radicale, implacable. L’absurdité de ces aveugles conduisant des aveugles dans la tempête radioactive de la fin des temps, sans plus d’horizon ni d’étoile pour naviguer. Une image de fin qui pourrait renvoyer à celle des débuts quand une poignée de primates s’est lancée à la conquête de la terre avec toute la fragilité qu’on peut imaginer maintenant que l’on a le recul. Une image où, étrangement, on pourrait aussi voir une lueur d’espoir de par la ténacité humaine. Un peu à la façon de la fin d’ « Interstellar » qui est pour moi tout aussi pessimiste, nos chances de survie paraissant totalement infimes dans ce film. Pourtant quelque espoir fou et ténu se niche dans la vision de la maigre colonie d’embryons.

Ainsi j’erre avec les enfants perdus, pour toujours à leur suite.

Décors, ambiance, plans, costumes, dialogues, tout concourt à l’ambiance suffocante de ce film à part. Une expérience à tenter si vous en avez le courage.


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8,5/10 (encore un film qui pourrait aussi valoir un 10/10 tant il fait ce qu’il a prévu de faire, ce en quoi il est donc parfaitement réussi).

_

JaiVuTout
9
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le 9 janv. 2025

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JaiVuTout

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