Apocalypse Now

Suite à une catastrophe nucléaire qui a dévasté la terre, une poignée de survivants tente de vivre tant bien que mal malgré le chaos ambiant. L'un d'eux est un vieux savant qui, chaque jour, écrit des lettres à son fils qu'il espère vivant...

"Lettres d'un homme mort" s'ouvre sur une image jaunie puis la vision de ce vieillard, s'éclairant en pédalant pour pouvoir écrire une lettre à son fils. Dès les premières secondes Lopouchanski, ancien assistant de Tarkovsky, met en place une atmosphère effrayante, sombre, chaotique et qui a le don de mettre mal à l'aise, de plus en plus puissante où la mort et l'horreur planent. Dès que le vieillard sort de chez lui on découvre une ville rasée et dévastée faite de cadavres traînant dans les rues, gamins traumatisés par ce qu'il y a autour d'eux, radiations dans l'air obligeant les gens à porter des masques ou autres bâtiments ravagés.

Bénéficiant d'une écriture aussi riche qu'intelligente et consistante, notamment au niveau des personnages et des thématiques abordées, Lopouchanski s'intéresse surtout à cet homme qui, en plus de voir sa femme mourir à petit feu, se mettra en danger en allant à l'extérieur pour chercher son fils. Une quête qui semble désespérée dans un monde qui l'est tout autant et où la lueur d'espoir disparaît peu à peu. Cet univers chaotique qui ne manque ni de puissance, ni d'émotions et même de mélancolie, évoque aussi la peur du nucléaire (le film étant en plus tourné très peu de temps avant la catastrophe de Tchernobyl) et plus généralement de la nature humaine, ici dépassé par une de ses créations qui, d'une simple petite erreur, va provoquer une apocalypse nucléaire. À travers l'errement du vieux savant, c'est autour de la mort, la vie, ce qu'elle vaut quand tout est détruit et que finalement l'homme est condamné à mort avec un sursis étant de plus en plus court, qu'il axe son récit.

En usant d'une image souvent teintée en jaune ou orange, Lopouchanski retranscrit toute la tragédie, l'horreur et le chaos de l'univers et des thématiques qu'il met en place, et il en est de même pour les décors qui nous transportent dans une ville détruite, radiée et effrayante. Les acteurs, dans un jeu plutôt minimaliste, retranscrivent bien les enjeux de leurs personnages, tout comme leur réaction face à cette catastrophe. Axé sur l'errement du vieux savant, le rythme contemplatif renforce la puissance de l'oeuvre qui se fait de plus en plus forte plus on découvre la façon dont l'homme a détruit la Terre...

Terrifiant, puissant, sans espoir et chaotique, "Lettres d'un homme mort" met en avant l'errement un homme dans un monde ravagé par une catastrophe nucléaire où Lapouchanski évoque de manière effrayante la peur du nucléaire et les méfaits de la nature humaine.

(merci à Confucius !)