Suite directe du Meilleur film de Thomas Graal, cette œuvre de Stiller parvient à dépasser le premier opus. L'approche est cette fois plus classique et conventionnelle, tournant le dos au mélange Fiction/réalité pour se limiter à une pure comédie brillamment mise en scène. On pense encore furieusement à une grosse source d'influence pour Lubitsch, surtout lors de la première moitié avec l’irrésistible mariage et la brouille entre les deux époux qui s'enferment chacun dans des pièces opposées, offrant tout un vaste jeu sur les portes et le hors-champ. Le timing, la mécanique, la direction d'acteur et le sens de l'espace sont un régal de précision comme le gag des alliances perdues (puis retrouvées) durant le mariage.
La seconde moitié décrit le désarroi de Thomas, délaissé par son épouse qui n'a de yeux que pour son enfant et qui néglige de la sorte son apparence. S'il elle demeure toujours efficace et drôle, cette partie est moins affutée et repose sur un humour qui accuse son âge en étant trop centré sur le personnage de Sjostrom dont la vision de la femme au foyer ferait hurler un certain nombre de féministes : ici une épouse se doit de rester élégante et toujours disponible pour son mari. Celle-ci perd donc tout attrait une fois déchaussée de ses talons aiguilles ! Sans oublier qu'arborer une tenue plus décontractée la transforme en véritable repoussoir pour le héros, certes assez immature.
On s'y amuse toujours grâce à certaines séquences réussies (le stratagème de Thomas pour faire ouvrir les yeux à son épouse sur son look vestimentaire, les faux trophées de chasse, le cache-cache de l'épouse re-métamorphosée...) mais cette vision un peu passéiste du couple (et qui déséquilibre l'écriture du duo) affecte un peu sa réception.
Si on oublie cet aspect, il faut reconnaître qu'on est face à une comédie brillante et donc la réalisation n'a pas perdu son originalité ni sa modernité, à l'image d'une interprétation savoureuse.