Intéressant, mais trop sec
Sur le papier c'était intéressant. Il y a une puissance, c'est bien fait, et ça fonctionne par moment. Mais globalement trop sec, je suis resté sur la pallier du film au global. Mon esprit à trop...
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le 15 mars 2024
Illustration parfaite de ce que le cinéma peut engendrer comme exercice de style baroque, avec ici un parti pris contraignant essentiellement la forme : un récit formulé sans la moindre trace de dialogue, mais au travers d'une succession de plans épurés, contenant des actions presque unitaires isolées dans un cadre très resserré. Dans les 5 premières minutes, grâce à la puissance symbolique des images et des motifs mis en scène, on comprend par des chemins de traverse qu'on se situe dans un pays au régime totalitaire et qu'une résistance s'organise face à une répression extrême.
C'est un exercice de style, ce qui signifie presque par définition que d'une part les enjeux sont limités au strict cadre fixé par le concept et que d'autre part le procédé contient un potentiel de clivage très élevé, séparant les réceptions possibles de manière très instinctive — on rentre dans la bulle du film ou on y reste hermétique sans trop pouvoir réfléchir ou anticiper. Alain Cavalier est coutumier des œuvres aux apparences très originales, et sa filmographie compte des bizarreries par dizaines. Libera Me est pour l'instant le film le plus extrême que j'ai vu de sa part, du point de vue expérimental, car on se situe dans une épuration formelle qui pourrait évoquer le Dogme95 danois de Lars von Trier et Thomas Vinterberg. L'abstraction ne se fait cependant pas au même niveau, car ici la caméra ne s'attarde pas volontairement sur l'absence de décor : elle fait preuve d'une parcimonie très productive, chargeant chaque petite séquence d'un sens très fort et très net.
Ainsi tout Libera Me s'articule autour d'une lutte aux contours on ne peut plus flous au départ entre un régime dictatorial et une résistance organisée, à travers une quantité extensive de minuscules détails découpant les actions dans la plus grande des sobriétés — un Bresson n'y aurait sans doute pas été insensible. Le flou s'efface progressivement pour installer une narration qui gagne en clarté et en précision à mesure que les motifs s'accumulent. Des objets dissimulés dans les coutures de vêtements, des photos déchirées qui s'assemblent pour confirmer une identité, des faux papiers confectionnés à la main... Beaucoup d'ingéniosité mise en œuvre pour préserver le secret, tandis qu'en toile de fond la violence de la répression s'intensifie. Arrestations et torture rythment ce drôle de film muet, dominé par des fragments de bruits et des morceaux de visages, qui parvient de manière très surprenante à laisser exploser les émotions dans son final, au milieu de ce terreau expérimental.
https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Libera-Me-de-Alain-Cavalier-1993
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Créée
le 12 juin 2023
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