J'avais regretté de n'avoir pu voir ce film lors de sa sortie au cinéma. C’est une belle œuvre cinématographique et humaine, qui m'a touché au plus profond de moi, non seulement par son propos mais aussi par sa réalisation impeccable, bien loin des pseudo-films de réalisateurs plus connus. C'est aussi une histoire qui commence et qui finit mal, hélas, par la fuite éperdue des Tsiganes épris de liberté.
On ressent physiquement, à travers le regard du réalisateur, leur terreur de l’enfermement et leur amour de la nature, des éléments (l’eau, le vent…) et des animaux avec lesquels ils vivent en symbiose. Les priver de cette liberté est les contraindre à une mort spirituelle et psychologique sans doute encore plus meurtrière que celle qui les attendait dans les camps.
C'est pourquoi on ne peut qu'avoir été doublement choqués et révoltés par les déclarations anti-Roms de M. Nicolas Sarkozy, cet été à Grenoble, qui démontrent un mépris absolu de ces faits (car on ne peut imaginer qu'il n'en soit pas informé !) dont la France devrait au contraire s'excuser auprès du peuple Rom. En tant qu'ethnologue, humaniste et républicain, je ne peux que dénoncer une attitude indigne d'un président de la République française auquel la Constitution fait obligation de défendre les valeurs de la France, au premier rang desquelles la Liberté.
PS : J’avais écrit cette chronique en décembre 2011. Je comptais beaucoup que l’arrivée, en 2012, de François Hollande au pouvoir change la vision officielle des Roms. Non seulement il n’en a rien été mais l’attitude de Manuel Valls en tant que ministre de l’Intérieur a été pire que celle de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était au pouvoir. Je suis écœuré que des personnes qui se disent socialistes aient pu, soit pour des raisons électoralistes, soit par conviction, à ce point ignorer l’histoire des Roms et leurs souffrances et les traiter d’une manière aussi abjecte.