Elle est bonne mon action, elle est bonne !

Licence to Steal fait, pour moi, partie de ces comédies d’action très sous-estimées du cinéma de Hong Kong. Certes, dans les années 80 et 90, le cinéma de l’ex-colonie britannique en sortait à la pelle au point qu’il était facile de se faire éclipser par l’avalanche de films du même genre. Mais là, on parle d’une production Sammo Hung, réalisée par Billy Chan (All Men Are Brothers, Crazy Safari) avec au casting des noms tels que Joyce Godenzi (She Shoots Straight), Yuen Biao (Dragons Forever), Agnes Aurelio (She Shoots Straight), Richard Ng (la saga My Lucky Stars), Ngai Sing (Blade of Fury), ou encore Billy Chow (Fist of Legend). Et pour couronner le tout, les scènes d’action sont mises en boite par King Lee, protégé de Lau Kar-Leung, avec qui il a bossé sur des films tels que My Young Auntie, Martial Club, Legendary Weapons of China ou encore The 8 Diagram Pole Fighter. Du lourd donc. Pourtant, le film est un échec, arrivant péniblement à amasser 4M$HK au box-office. Et même chez les amateurs de cinéma de Hong Kong, il ne fait pas l’unanimité. Après un revisionnage tout frais, j’affirme haut et fort que Licence To Steal est une comédie d’action trop sous-estimée du cinéma de Hong Kong à l’instar d’autres productions Sammo Hung telles que Pantyhose Hero et Slickers vs Killers.


Il faut l’avouer, l’intrigue n’est pas forcément des plus convaincantes, en plus d’être assez téléphonée. On sent que ce n’était pas ce qui intéressait le plus l’équipe technique. Mais l’ensemble est suffisamment rythmé pour qu’on n’en tienne pas trop compte avec un bon équilibre entre l’humour et l’action. La partie comédie fonctionne correctement. Richard Ng fait ce qu’il sait faire de mieux, pour le plus grand plaisir des amateurs du bonhomme. Yuen Biao et Ngai Sing s’y mettent également, le premier avec un personnage dans la continuité de celui qu’il interprétait dans Dragons Forever, le deuxième dans le rôle d’un jeune premier un peu timide avec les filles mais qui cherche toujours à bien faire. Plusieurs scènes, bien qu’elles ne sont pas à se taper le cul par terre, ont le mérite de nous mettre le sourire aux lèvres. Mais surtout, alors que c’était presque une constante à l’époque dans les comédies HK des 80’s, l’humour n’est ici pas cabotin. Les acteurs ne grimacent pas à outrance pour essayer de nous faire tirer un sourire, l’humour ne tourne pas autour des attributs mammaires des actrices (à part à une occasion). Bien que Licence to Steal semble avoir eu un temps de tournage très restreint, la mise en scène n’est pas délaissée pour autant. Les différents cambriolages et la présentation de certains personnages (en termes de cadrage et/ou d’atmosphère) ont eu droit à un travail assez consciencieux. En une scène de bushido en début de film, on va comprendre les divergences et les motivations de l’héroïne et surtout de l’antagoniste, un personnage jaloux, qui a besoin d’être la plus forte dans son domaine. On pourra malgré tout reprocher à certaines scènes de n’être là que pour amener des cameos des amis de Sammo Hung venus faire un petit coucou, comme par exemple Corey Yuen, Peter Chan, Gabriel Wong, John Lam Chung, Timmy Hung, ou encore Sammo Hung lui-même le temps d’un plan furtif dans la scène finale.


Après la partie comédie, on en vient forcément à la partie action, et ici, c’est de la grande qualité, avec toute la nervosité et le punch qu’on attend d’une production Sammo Hung. C’est bien chorégraphié, c’est du solide, avec un montage qui va privilégier la lisibilité pour mettre en avant le talent des artistes martiaux. Yuen Biao nous fait un festival de sauts à des hauteurs hallucinantes comme il avait pris l’habitude de le faire dans les années 80. Son rôle est fun, apparaissant lorsqu’il y a besoin d’un coup de main martial, et disparaissant après un petit gag. Ngai Sing, encore novice à l’époque, est clairement mis en avant par un Sammo Hung dont il était le protégé, montrant ses grandes compétences physiques et martiales. La très grosse scène d’action dans le parking dans la dernière partie du film vaut à elle seule un visionnage de Licence to Steal, d’un niveau martial extrêmement élevé, meilleure même que la scène finale entre Goyce Godenzi et Agnes Aurelio qui nous font le match retour de She Shoots Straight sorti la même année. Sauf qu’ici, elles se battent à 4 reprises ! Lorsqu’on pense que Joyce Godenzi n’a aucune formation de danse ou d’arts martiaux, et bien qu’elle soit parfois un peu raide, on se dit que son professeur (et futur mari) Sammo Hung a tout simplement fait des merveilles. Quant à Agnes Aurelio, actrice philippine, on regrettera tout simplement qu’elle n’ait fait que 4 films à Hong Kong (She Shoot Straight, The Big Score, All for the Gamblers et Licence to Steal donc) tant la puissance qu’elle met dans ses coups fait plaisir à voir. Certes, ces deux dernières sont souvent doublées (par Yuen Biao parfois), mais en termes de femme d’action de Hong Kong, elles sont un peu sous-estimés. Alors oui, au final, il n’y a rien d’original dans Licence to Steal et on est dans une comédie d’action typique de l’époque. Mais en terme d’efficacité et de scènes d’action qui déboitent, le film se pose là.


Comédie d’action un peu trop oubliée et sous-estimée du cinéma de Hong Kong, Licence to Steal est une bobine très efficace, mélangeant habilement comédie pas trop lourdingue et action de très haute volée, en plus d’aligner un casting trois étoiles.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-licence-to-steal-de-billy-chan-1990/

cherycok
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 déc. 2023

Critique lue 13 fois

1 j'aime

cherycok

Écrit par

Critique lue 13 fois

1

Du même critique

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

19 j'aime

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1