En sortant du film, un peu goguenard, je rassurais mon ami qui m’accompagnait et pour le moins circonspect, en lui disant : « Ne t’inquiète pas, ils se sont plantés, en fait ce que nous avons vu est un assemblage de scènes coupées au montage ». Tout est dit ou presque.


Jeu approximatif des acteurs, remplissage autour d’un pitch qui on le savait dès le départ est très limité, scènes essentielles qui semblent se passer avant ou après semblent manquantes, rythme inégal… assurément le film n’a rien de glamour.


Immanquablement on ne peut s’empêcher de le comparer à « Control », autre incursion, totalement réussie elle, de Corbijn dans le domaine du biopic. A l’époque, il avait réussi son pari d’imprégner d’un certain esthétisme (que l’on retrouve ici) l’intériorité du leader des Joy Division, Ian Curtis. Patchwork de moments intimes volés, doutes artistiques, compositions musicales magnifiées et une époque parfaitement recréée (et pas que dans le décor), faisaient de « Control » une œuvre forte nimbée d’émotions et d’une rare intelligence.


« Life » est à l’opposé. James Dean, malgré sa stature d’icône du cinéma reste un mystère pour beaucoup. Peu d’interviews ou de témoignages, une mort précipitée, le faire « revivre » à l’écran tenait de la gageure… Corbijn utilise donc le subterfuge du témoin dans l’ombre (à l’époque du moins) en la personne de Dennis Stock, photographe de tapis rouges. C’est lui qui prendra les photos mythiques de la future star pour le compte du magazine Life. S’en suit un nombre de séquences plus ou moins (surtout moins) intéressantes où une complicité (de raison) s’installe entre les deux jeunes loups (l’ambition bien marquée étant au cœur de la relation).


Si le réalisateur s’attarde trop sur Dennis Stock (malheureusement incarné par un Pattinson empâté, non non je ne parle pas du physique), c’est que ses motivations semblent franches, ce qui est plus difficile à appréhender pour Dean. Et pour combler les vides, qu’importe, la future star ne s’exprime presque qu’en citations (premières paroles lors de la rencontre, lové sur le sein de sa maitresse au petit matin, à la ferme parentale). Le vide… De la Life de Dean rien, aucune ambigüité, aucun « scoop » (ah si ! il consommait des amphéts, pas bien ! même si 80% d’Hollywood ou presque le faisaient alors) rien que du cliché largement véhiculé depuis par les médias.


Reste le savoir faire de Corbijn au niveau technique, ses cadres hopperiens, une belle lumière très fifties, le soin tout particulier apporté aux décors sont appréciables. C’est beau, mais c’est bien peu…

Fritz_Langueur
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le 15 sept. 2015

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