Bienvenue chez les hippies. Ou plus précisément, l'illusion des hippies, l'image fantasmée des hippies selon William Rotsler, qui cherche plus à retranscrire un état d'esprit que de capter une quelconque réalité. "Like it is" est présenté comme un documentaire en immersion dans une petite communauté hippie de San Francisco en 1968, mais il s'agit plutôt d'une mise en scène faisant intervenir des acteurs (et actrices, surtout) qui vraisemblablement suivent un script. On pourrait croire, en le prenant au premier degré, que toutes les hippies sont de très jolies filles avec des poitrines volumineuses... Et on voit que le film s'adresse à un public clairement masculin, ou du moins un public amateur de corps féminins, car les acteurs ne sont pas du tout à la hauteur de leurs consœurs aux silhouettes avantageuses.
"Like it is" est donc plutôt un mondo à tendance érotique et psychédélique, et même si on ne voit pas autant de seins que dans le "Mondo Topless" de Russ Meyer, il n'a pas à rougir de ce point de vue-là. Le côté psychédélique est très fortement appuyé, notamment au travers de trois séquences successives de danses nues, avec de nombreux effets extra-diégétiques (et donc pas du tout documentaires) pour illustrer l'effet du LSD ainsi que des images hautement hallucinogènes projetées sur ces corps-écrans qui se trémoussent devant nos yeux ébahis. Signalons également une sorte de bad trip faisant intervenir un crâne semi-shakespearien plutôt... étrange. Au total, 30 minutes de danses psychédéliques sur 70 minutes de film : chacun se fera son idée quant à l'intérêt de ces séquences.
Au final, les élucubrations des différentes personnes interviewées qui passent en voix off (aucun son direct dans ce film) ne sont pas si chtarbées que ça, on est somme toute assez loin de la caricature du hippie sous acides et on suit sans trop de difficultés leur vision de la drogue et de son apport. C'est même plutôt cohérent. Les monologues propres à leur philosophie et leur rapport à la paix, l'amour et la nudité ne sont pas fondamentalement inintéressants mais il manque une certaine dynamique pour rendre tout ça vraiment intelligible. Peut-être que la matière la plus intéressante dans "Like it is" se trouve en périphérie de ces divagations pseudo-métaphysiques, lorsque Rotsler capte des moments de la culture hippie en filmant simplement les rues de San Francisco. De vrais instants témoignant de l'air californien à la fin des années 60.
Quelques citations issues du film pour prolonger la réflexion :
→ L'économiste : "How do I feel about money? I love it for what it does. But, I hate it for what it does. It's a fantastic tool. But that's all it is. But people worship it, and that's awful."
→ L'amie des animaux : "Whenever I have a thing with a cat, it's love. It doesn't mean it's gonna last for more than an hour, but it's groovy, and I wouldn't be doing it, if I didn't get it, it's beautiful."
→ Le perché : "I took acid, and it drove me crazy, and I'm in here now, and I can't get out."
→ Le pragmatique : "Should be no mystique around drugs. All the mystique around drugs is induced by having to hide it."
[AB #165]