Lili à la découverte du monde sauvage est le premier long-métrage d’animation coréen que j’ai pu voir. En effet, les animateurs coréens réalisent souvent des courts-métrages puis partent travailler sur des longs-métrages à l’étranger. Il est ainsi d’autant plus dur et rare d’accéder à l’animation coréenne. Et il faut avouer que ce premier long-métrage de Oh Seong Hyun est une heureuse découverte. Si en France il a reçu un accueil mitigé, en Corée Lili à la découverte du monde sauvage a fait deux millions d’entrées au box-office.
Inspiré du célèbre conte La poule qui rêvait de voler (2000) de Hwang Sun Mi, Lili à la découverte du monde sauvage est une œuvre moraliste destinée aux enfants. Pourtant, la qualité de l’animation, le rythme de la narration et les sujets abordés sont bien plus sérieux que ceux des films d’animation auxquels on a accès par ce côté de la planète. L’excentricité, la marginalité, l’adoption, la différence, la liberté sont autant de thèmes que ce film aborde avec une finesse incroyable.
Lili est une poule qui n’est pas sans rappeler les bonnes âmes de la littérature coréenne classique. Le personnage excentrique de la poule bouleverse l’ordre établi de la basse-cour puis des marais. Avec sa fleur dans le plumage, elle passe pour une folle qui va jusqu’à adopter un caneton et l’appeler poussin. Mais derrière ce comportement naïf et rêveur se cache en réalité un personnage d’une sagesse et d’une chaleur incommensurables. Petit à petit, on est envahi par le sentiment coréen Jeong (정) de l’attachement sur le long terme.
Lili à la découverte du monde sauvage est une œuvre qui porte des messages écologiques, libertaires et progressistes puissants. La basse-cour est comme un miroir de nos sociétés humaines et le monde sauvage ressemble plus à celui des adultes qui, de choix en choix, tentent de survivre. En essayant de s’enfuir de son travail de couveuse et de son rôle de poule, Lili entre dans le monde des adultes et se réalise en tant qu’être.
Sur le plan de l’animation, Lili à la découverte du monde sauvage n’est pas encore un chef-d’œuvre mais une belle démonstration de ce que peut produire l’animation coréenne. On ressent toutes les influences de Oh Seong Hyun.
C'est un film d’animation touchant. En tant qu’adultes, vous serez émus par le réalisme et le sérieux qui se cachent derrière ce conte de basse-cour. Si certains estiment que la dureté des sujets peuvent être un peu difficile à voir pour les plus petits, il me semble que le plus important pour ce genre de film éducatif est de bien discuter avec vos enfants après l’avoir visionné.
On espère que la Corée du Sud continuera de produire de jolies œuvres d’animation de cet acabit. En tout cas, en 2018, Oh Seong Hyun sortira son nouveau long-métrage d’animation, The Underdog (언더독), consacré aux chiens errants. De quoi nous donner envie de continuer à le suivre.
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