Always beware of the weasel.
S'il fallait un film pour illustrer avec beauté et délicatesse tout ce peut être une mère poule, Leafie en serait le parfait représentant. Réalisé par Seong-yun Oh et écrit par Eunjeong Kim (signant tous deux leur premier long-métrage), qui adaptent ici la nouvelle de Seonmi Hwang, l'aventure commence un peu comme un Chicken Run, mais s'en détache très vite. Notre poule découvre le monde hors des batteries, flash sur un beau col-vert, malheureusement déjà pris, mais la mort soudaine du couple provoquée par l'infâme belette poussera notre héroïne à couver l'oeuf, leur descendance, et élever ce petit canard jusqu'à ce qu'il puisse prendre son envol.
Jamais une œuvre n'aura été aussi poignante, servant une déluge de moments forts en sentiments, métaphore de l'amour maternel (ainsi que de l'adoption, montrant que les liens du sang ne veulent rien dire), mais également d'autres bien plus ancrés dans la comédie afin de ne pas servir un récit larmoyant (même si les raisons de pleurer se feront nombreuses). Néanmoins elle n'est ni enfantine ni mélodramatique, et à l'inverse très réaliste, et c'est toujours avec une certaine surprise que des scènes de bonheur laissent place à des scènes d'une poésie cruelle à déchirer le cœur (la dure loi de la jungle, ce qui rappellera Bambi ou Le Roi Lion).
Bref, Leafie, a Hen Into the Wild est un formidable film d'animation, qui en plus d'être écrit et doublé par des acteurs de talent (en particulier Min-sik Choi, dont la présence est étonnante, étant habitué de films d'un registre tout à faire différent, comme Old Boy ou J'ai rencontré le diable), assure également au niveau technique, même s'il on pourrait d'abord se montrer dubitatif quant à la capacité des Coréens à servir une production digne des plus grands studios (Ghibli, Imagi, Disney...). Les décors sont fabuleux, véritables fresques vivantes fourmillant de vie et de détails, la gestion des lumières offre des contrastes appuyant l'intensité des scènes (notamment la nuit ou lors des levés de soleil) et l'animation ne dépareille pas, fluide et parfaitement décomposée. L'ajout de séquences en images de synthèse est également très satisfaisante, ne s'en servant que lorsque c'est nécessaire (notamment durant la course des cols-verts).
Le tout ne serait pas parfait s'il n'y avait pas une bande-son adéquate pour soutenir le tout, et c'est heureusement le cas, l'ensemble étant enchanteur et toujours pertinent.
Pour conclure, si les films d'animation dans le milieu animalier, et servant de parabole et de déclaration d'amour à toutes les mamans vous attirent, vous succomberez sans nul doute à cette aventure inattendue et qui mériterait largement d'être distribuée par chez nous. Si vous n'aimez que peu les films de ce registre, ayant peur d'avoir le droit à une horde de chansons horripilantes, soyez rassurez, il n'y en a pas, et l'ensemble pourra donc convenir à ceux qui y sont allergiques.
Mention spéciale pour le studio MyungFilms, qui signe ici une production mettant un peu plus en avant l'animation à la Coréenne, celle-ci étant bien trop souvent usée en sous-traitance pour des productions américaines (Avatar The Last Airbender, Les Simpsons, Animaniacs...).
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