Plutôt bien accueilli par la presse américaine, adapté du roman The Dark Fields d'Alan Glynn, orchestré par Neil Burger, qui nous avait servi L'illusionniste, et porté par l'excellent Bradley Cooper qui tient ici sa première vraie grosse tête d'affiche, Limitless serait-il le nouvel Inception ?
Eddie Morra (Bradley Cooper) rêve d'écrire, mais l'angoisse de la page blanche le paralyse. Sa vie sans éclat bascule lorsque son ex beau-frère lui fait découvrir le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire qui lui permet d'exploiter son potentiel au maximum. Eddie peut désormais se souvenir de tout ce qu'il a lu, vu ou entendu ; il peut apprendre n'importe quelle langue en une journée, résoudre des équations complexes et subjuguer tous ceux qu'il rencontre – tant qu'il reste sous l'influence de cette substance qui n'a pas encore été testée.
Ça commence comme 99 francs avec un golden boy junkie debout sur une corniche et prêt à se jeter dans le vide, et tout comme dans le film sus-nommé, il nous raconte ce qui l'y a amené. Par la suite le discours devient plus grave, nous rappelant Substance Mort de Philip K. Dick, mais également Des Fleurs pour algernon de Daniel Keyes. Devenir intelligent a un prix, et notre héros le découvrira progressivement, sa drogue ayant de sévères effets secondaires, dont notamment des pertes de mémoire sur des périodes importantes, surtout lorsque l'on en prend trop (comme toutes les drogues, en somme).
Mis en scène de façon très intelligente, la narration accélère à chaque fois qu'Eddie prend un cachet, et le monde bouge dans tous les sens à grand renfort d'effets rappelant l'esthétique d'Inception (notamment niveau compositing), mais également au travers des couleurs, froides quand il est en manque et chaudes quand il est dans l'état inverse, illustrant une forme de bien-être et de clairvoyance. S'ajoute à cela un objectif fisheye, de façon à nous faire ressentir l'accroissement de son angle de compréhension.
Bradley Cooper est au top, et tout comme dans 99 francs, en plus d'être le personnage principal, il s'octroie la partie narrative, devenant omniprésent, au point de reléguer Abbie Cornish et Robert De Niro à des plans figuratifs, ceci ayant pour effet de renforcer l'intellect du personnage.
On ne s'ennuie pas, la recette prend, on s'inquiète pour notre héros que l'on a peur de voir finir le cerveau en purée, ou pire, mais au final on en ressort satisfaits d'avoir passé un bon moment mais quelque peu déçus que tout cela n'ait mené à aucune conclusion.
Bref, Limitless est une oeuvre intéressante, riche en suspense, notamment lors de la scène de l'appartement, mais l'on pourra lui reprocher d'avoir mis un peu trop l'accent sur le côté thriller et pas assez sur le côté dramatique, bien qu'une certaine forme d'ironie soit presque toujours présente. La scène du métro renforce encore plus cette impression, la parodie de Bruce Lee sonnant creux, semblant avoir été mise là pour augmenter le ratio de tartes, mais le plus grave, c'est qu'elle s'avère risible car molle et mal chorégraphiée, et aurait tout bonnement dû être supprimée. Ces défauts restent mineurs, mais autant que vous soyez prévenus tout de suite, le film est d'avantage un actioner façon Minority Report qu'une oeuvre amenant à la réflexion. Contradictoire, mais quand on connaît les oeuvres citées précédemment on se dit que de toute façon le sujet avait déjà été traité de façon intellectuelle et qu'une de plus n'aurait probablement pas apporté grand chose.
On regrettera néanmoins que De Niro soit mis au second plan, sa présence servant plus de faire valoir pour attirer le badaud qu'autre chose.
Pour conclure, les amateurs d'actioner sur fond de drogue et d'humour acerbe auront là un produit à s'injecter dans les veines sans vérifier la posologie. Ceux qui souhaitaient quelque chose de plus profond seront quant à eux quelque peu déçus, la production étant d'avantage axée sur l'aspect divertissement, mais l'on ne va pas au cinéma pour se faire chier, si ?
Mention spéciale pour Bradley Cooper, que l'on a plaisir à voir nous montrer son talent au travers d'une affiche qu'il cannibalise, mais surtout dans un rôle plus sérieux qu'à l'accoutumée (L'agence tout risque, Very Bad Trip), et qui semble bien décidé à rester sur cette voie puisqu'il tiendra le rôle de Lucifer dans Le paradis perdu d'Alex Proyas, mais aussi celui d'Eric Draven dans le remake de The Crow (l'original fut d'ailleurs réalisé par Proyas, curieux hasard...).
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