Lorsque sa mère, fautive d'une injustice auprès de sa fille, demande à Linda ce qu'elle peut lui offrir pour réparer son erreur, Linda lui répond qu'elle a faim. Faim d'un poulet aux poivrons qui pourrait lui rappeler les saveurs mémorielles d'un père italien qui lui cuisinait auparavant. Pour reconvoquer le souvenir de ce père disparu, à la fois tendre et lointain dans sa mémoire, Linda se met en quête d'un poulet, n'importe quel poulet sera bon à abattre, figurant la mort comme un deuil nécessaire à la (re)construction de son monde.
Le poulet, dans une autre acceptation, plus politique, c'est aussi le policier que l'on désarme ou que l'on déshabille, ou ce cortège de policiers expulsés par les enfants qui se lancent dans une révolution joyeuse et ludique, au sein de leur cité HLM un jour de grève. Si le poulet est l'animal totem de ce film d'animation plein de fougue, c'est les chevaux, ceux totalement lâchés par le duo de réalisateurs (Sébastien Laudenbach et Chiara Malta) qui captivent pour leur inventivité graphique, pour le plaisir des dessins mouvementés, à peine esquissés, qui mènent le récit dans une danse perpétuelle, une cavalcade d'imagination au service de personnages colorés.
Ce long-métrage d'enfants dont les adultes pourront s'inspirer, est un magnifique chemin semé d'innombrables embûches mais Linda, elle, cette jeune fille sans frein est dotée d'un grand appétit, celui de la vie.