AVERTISSEMENT : si, comme moi, vous ne connaissiez pas cette histoire vraie, évitez allociné, par ex., qui spoile d'entrée de jeu.
Comme souvent, un mini topo rapide sur le réal : Joseph Kosinski, c'est un p'tit gars (43 ans ^^) que j'aime bien.
Son 1er long, Tron l'héritage, s'il avait bénéficié d'un scénar + élaboré, aurait été une petite bombe ! Car, s'il y a bien un domaine où on peut difficilement lui faire des reproches, c'est au niveau plastique (image et son d'ailleurs !). S'en suit ensuite (+2 en allitération) Oblivion, basé sur un comic qu'il avait écrit 3 ans auparavant (ça, je l'ignorais) et qui, encore une fois, arborait une très belle esthétique, et avec un scénar qui, s'il n'était pas parfait, tenait quand même la route et formait un tout finalement homogène (malgré la multitude de références qu'on pouvait y piocher). Lui manquait juste ce supplément d'âme pour vraiment se dire : ok, le Joseph, il est dans la place...
Tron a eu son succès public (mais sa suite quasiment annoncée n'a finalement jamais vu le jour) et Oblivion n'a "que" correctement marché par rapport aux standards en vigueur. Du coup, ce supplément d'âme allait aller (+4) de pair avec une baisse drastique de budget.
Sauf que, déjà, le budget réduit n'est pas synonyme de casting au rabais ici : Josh Brolin, Jennifer Connelly, Jeff Bridges, Miles Teller, Andie MacDowell, Taylor Kitsch... soit pleins d'acteurs et d'actrices que j'aime bien (et qui le rendent bien, ici).
Ensuite, la mise en image, même si elle est moins grisante que ses films de SF, est super propre et les incendies sont extrêmement bien rendus et anxiogènes à souhait. Pour l'aspect anxiogène, le film ne joue pas tout à fait la même carte que l'excellent Deepwater de Peter Berg, même si les 2 films partagent l'état "d'histoire vraie à base d'incendie".
Berg misait + sur la pression qui montait crescendo (ça tombe bien !) jusqu'à un dernier acte d'une puissance considérable. On était sur du film catastrophe avec le + (si je puis le qualifier ainsi) de la souffrance qui n'était pas masquée au profit d'un héroïsme mal venu.
Kosinski, de son côté, prend plutôt le parti de développer sur la durée une galerie de personnages. D'aucun pourraient qualifier de clichés mais, perso, je ne les ai pas trouvé caricaturaux. Ils ont des blessures, ils ont des doutes, ils ont un quotidien avec lequel ils doivent négocier... On est + sur une note de drama.
On ne voit pas le temps passer, les acteurs sont vraiment bons, Miles Teller, notamment, prend du galon chez moi, après Whiplash que je n'ai pas encore chroniqué (donc, spoiler, j'ai adoré ^^). On s'attache à cette bande, dont on finit par partager les liens quasi familiaux.
Et le dénouement, qui à la bon goût de ne pas miser sur le spectaculaire plus que de raison, est vraiment saisissant. J'étais vraiment mal et la scène du gymnase a fini de m'achever, de me retourner (et d'ouvrir les vannes...).
Et si pendant tout le film, je me disais qu'il était bon, c'est à cet instant précis que j'ai compris que j'avais eu affaire à un excellent film.
Vraiment dommage que son essai le plus réussi et le plus équilibré fasse (cette fois) un bide. Allez, Joseph, ne te décourage pas ! Moi, tu m'as convaincu, ne lâche pas l'affaire.