Infernal Affairs de Andrew Lau est sorti en 2002 et le succès a été tel que des dizaines de films mettant en scène des flics infiltrés dans le milieu des triades ou des gens des triades infiltrés dans la Police ont vu le jour immédiatement (Colour of the Truth, Confession of Pain, …). Comme partout, il y a eu du bon et du mauvais, et même les américains ont surfé sur la vague avec Les Infiltrés en 2006. Cette mode semble ne s’être jamais arrêtée à Hong Kong puisque Line Walker va jouer cette même carte presque quinze ans après au point qu’on se dit que la bobine de Lau a vraiment beaucoup marqué les esprits. Rien de bien original ni de réellement folichon ici mais malgré tout une bobine correctement emballée et plutôt efficace.
Line Walker est un thriller d’action réalisé par Jazz Boon dont c’est le premier film, et c’est une sorte de spin-off d’une série TV du même nom également réalisée par Jazz Boon. Durant l’été 2016, il aura surpris tout le monde au box-office chinois en réalisant près de 90M$ de recettes, au point qu’une suite sera d’ailleurs mise en chantier une paire d’années plus tard.
La Police a de nombreux agents infiltrés dans les triades. Mais un jour, alors que leur vie est en danger car le chef des triades se rend compte qu’il a des taupes dans ses effectifs, leur supérieur efface leurs fichiers confidentiels afin qu’ils ne soient pas démasqués si une taupe se trouve dans la Police également. Pour le coup, ils se voient livrés à eux-mêmes et impossible pour la Police de les retrouver. Mais un jour, un certain Blackjack contacte l’inspectrice Ding en se revendiquant infiltré. C’est l’occasion pour elle, avec l’aide de son supérieur, de remettre la main sur un de leurs hommes « perdus ». Mais les triades sont des organisations tentaculaires et il va leur être particulièrement difficile de démêler le vrai du faux. Et ça sera la même chose pour le spectateur car l’histoire va se révéler relativement alambiquée.
Line Walker va aller sur le terrain du classique jeu de chat et de la souris. On va essayer de trouver qui est qui, et quel était le but de ces taupes infiltrées. Le réel gros problème du film, c’est qu’il a les yeux plus gros que le ventre. On a l’impression qu’il veut en faire trop, avec une histoire trop compliquée, un scénario qui va aller de rebondissement en rebondissement. Et au final, il oublie d’expliquer certaines choses ou on ne s’attarde pas assez sur certains points qu’il aurait été nécessaire de développer davantage (on passe d’un lieu à un autre en un claquement de doigts, …). Un peu comme si le film avait dû durer 30 à 40 minutes de plus mais qu’il avait été trop raccourci au montage.
Du coup, l’ensemble va se révéler particulièrement dynamique, peut-être parfois trop même, mais aura le mérite de ne jamais ennuyer. La mise en scène de Jazz Boon est des plus intéressantes. La photographie est très soignée, certains plans sont magnifiques, la bande originale réussie et les scènes d’action du plus bel effet. Elles ont été confiées à Chin Ka-Lok et à son équipe de cascadeurs, et, que ce soit les courses poursuites ou les gunfights, l’ensemble est réussi et souvent intense. Jazz Boon et Cat Kwan gèrent parfaitement leur suspense même si, au final, il ne sera pas très difficile de démêler le vrai du faux et de savoir qui sont les taupes. Niveau casting, il y a du bon et du moins bon mais on est content de retrouver une telle brochette d’acteurs. Francis Ng (Bullets Over Summer, Full Alert) est impeccable en flic calme et intelligent ; Nick Cheung (The White Storm, Beast Stalker) est parfait et semble s’épanouir dans son rôle parfois tendancieux ; on est toujours content de retrouver Hui Siu-Hung (Breaking News, Love Undercover) et sa trogne reconnaissable parmi toutes ; Li Guang-Jie (Drug War, Control) s’éclate dans son rôle de gangster un peu déjanté. Louis Koo (The Suspect, Bullets Over Summer) est malheureusement un peu en deçà, assez monolithique, et semble moins impliqué que le reste du casting. Par contre, Charmaine Sheh (Perfect Match, Golden Job) est particulièrement insupportable, décrédibilisant parfois même les scènes sérieuses dans lesquelles elle intervient. C’est simple, on a juste envie de lui mettre des claques. C’est fort dommage étant donné que c’est le seul personnage féminin « fort » du film.
Même si on a l’impression que Line Walker essaie de rendre compliquée une histoire au final assez simple, il n’en demeure pas moins un sympathique thriller mâtiné d’action qui ne laissera certes pas un souvenir impérissable mais qui fait correctement le job.
Critique originale : ICI