D'abord le pitch de ce petit film méconnu : la toute jeune et toute mimi Elizabeth Shue, étudiante en zoologie à l'université à Londres, obtient du classieux et néanmoins professeur Terence Stamp (récemment, le chancelier Valorum de la dernière trilogie Star Wars), pas forcément désintéressé, un petit job lui permettant de financer ses études : elle assurera l'intendance de la maison de campagne du professeur pendant les vacances scolaires.
L'anthropologue y vit seul en compagnie de singes, ses sujets d'étude dont il essaie de faire progresser le QI en leur apprenant notamment des bribes de langage via ordinateur. Link, en particulier, est un vieil orang-outan, récupéré dans un cirque, et qui se balade librement dans la maison habillé en majordome (!).
L'arrivée de Shue bouleverse l'équilibre de la maisonnée, et Link, humain, trop humain, n'est pas insensible aux charmes de la nouvelle venue. Le percevant désormais comme un rival, Link se rebelle contre l'autorité du professeur et tout part en vrille dans le premier slasher simiesque (mais pas le dernier, cf Incidents de parcours de Romero en 1988).
Sur le papier, dans son déroulement, le film n'a rien d'original, mais le fait que la menace vienne de singes bouleverse complètement la donne : on navigue entre le sourire et un sentiment de malaise, et parfois un tout petit peu de frayeur.
Les scènes avec les singes sont bien foutues (le réalisateur a dû s'amuser pour mettre tout ça dans la boîte...), Link en particulier est phénoménal. Shue se débrouille bien (nominée comme meilleure actrice aux Saturn Awards en 1986, titre obtenu par Sigourney Weaver pour Aliens... je comprends pas :-) ) , Terence Stamp est parfait en professeur anglais pontifiant à l'œil qui brille dès que son étudiante est dans les parages Jerry Goldsmith, qui a tout compris au film, prend aussi le parti de l'audace en livrant une B.O. très décalée largement jouée au synthé et en attribuant à l'inquiétant Link une mélodie de cirque sautillante évoquant son passé de bête de foire, avec quelques bêlements de moutons pour faire bonne mesure (vous saurez pourquoi si vous allez jusqu'au bout du film) : totalement kitsch mais addictif !
Un pur film de série B, à ne pas prendre au sérieux, bourré de défauts, mais rattrapé par son audace et son côté tongue-in- cheek.