Je ne vais pas raconter ma vie, mais pour situer un peu le contexte de la critique, je commencerai par dire que je ne suis pas le plus grand fan de drames et de "films à émotions" qui soit, mes genres étant plutôt l'épouvante, la SF, la Fantasy et les thrillers. Autant dire donc que je n'étais pas prédestiné à voir ce film, j'y suis allé plus pour accompagner qu'autre chose. Et bien je ne regrette pas le voyage, on pourrait même presque parler d'une révélation et d'une oeuvre qui va m'ouvrir à un genre nouveau et élargir mes horizons cinématographiques.
L'histoire de Saroo est déconcertante, tant elle est simple et profonde à la fois. Simple car tout le monde peut s'identifier à quelqu'un en quête de ses origines et comprendre sa démarche de vouloir retrouver ses proches, et profonde et complexe par la puissance des sentiments et des valeurs qu'elle met en jeu (l'attachement familial, le sentiment d'appartenance, la recherche de soi) et l'énergie que ceux-ci peuvent conférer. La pauvreté et la misère humaine en Inde ont étés traitées à plusieurs reprises au cinéma ses dernières années et ne devraient plus être une surprise pour personne au visionnage de ce film (ça n'en est pas le sujet principal mais demeure une composante importante), néanmoins on ne pourra s'empêcher d'être parfois hébétés devant son ampleur et surtout son caractère commun. Un des meilleurs exemples de cela étant le fait qu'il ait fallu dans cette histoire deux mois pour qu'une première personne s'alarme de voir un enfant sorti du berceau déambuler seul dans les rues et le signale enfin aux autorités.
Le cast est brillant et personne ne dénote. Les rôles qui m'ont le plus marqué sont ceux de David "Faramir" Wenham et Nicole Kidman, duo d'acteurs très solide et qui sont simplement bouleversants dans leur interprétation des parents adoptifs alternativement tolérants, souteneurs, perdus, mais toujours compréhensifs. Dev Patel incarne à merveille un jeune homme torturé, en quête d'une certaine normalité et d'un équilibre qu'il sait qu'il ne pourra jamais atteindre s'il ne revient pas à ses origines. Je ne suis pas vraiment du genre fleur bleu qui verse sa larme en regardant un film, mais là, il me parait très difficile d'y échapper, et en entendant les reniflements et autre froissements de mouchoirs dans la salle, je n'ai pas du être le seul. Les moments les plus touchants du film étant à mes yeux
l'annonce que fait la directrice d'orphelinat à Saroo comme quoi il allait être adopté et donc implicitement qu'il pouvait tirer une croix sur le fait de jamais revoir sa famille, et évidemment les retrouvailles finales avec sa mère et son village.
Si j'avais un reproche à faire ce serait la partie remise en question du personnage de Saroo adulte, sa prise de conscience et ses recherches pour retrouver son village. Toute cette partie là est parfois un peu longuette, mais ça peut se justifier par le désir de creuser la psychologie du personnage, ce qui est du reste bien fait, et de préparer au mieux le final.
10/10 donc. Certains trouveront ça excessif. Que puis-je répondre, peu de films me touchent et celui-là l'a fait en plein cœur. C'est une note attribuée pour une grande part à l'affect. Peut-être cela vient-il du fait que je ne suis pas un habitué du genre, que je suis plus réceptif que si j'avais déjà vu une tonne de films jouant énormément sur la sensibilité du spectateur. Je ne sais pas à quel point ce scénario extraordinaire a été romancé et est fidèle à la réalité des événements, mais le fait qu'il s'agisse d'une histoire vraie joue évidemment énormément sur l'impact émotionnel. Ce dont je suis sûr c'est qu'au déroulé du générique final j'ai eu l'impression d'avoir vécu un moment privilégié, et ça, seuls les grands films peuvent me le faire ressentir.