Je n'étais pas prêt. Pas prêt pour enfiler ma veste en denim et aller voir Neon Demon, sur lequel tout le monde s'extasie ou crache. Alors j'ai vu dans mes favoris ce film disponible sur Youtube, gratos et en qualité honnête, il pleut depuis plus d'un mois dehors et comme Mi-Mikhaïl depuis sa forteresse de Crimée en 1991, je m'ennuie sec, alors je me suis improvisé un petit aller-retour 1982-2016 express. Et comme lui, grâce au service de gardes du Комитет государственной безопасности, je me suis évadé avec Liquid Sky, cet "infinite sunset" délictueux. Étant d'ores et déjà dans un état de connaissance avancé de l'éventail bigarré de la contre culture 80's, je me suis senti chez moi, dans ce Penthouse (qui appartenait au réalisateur). Beaucoup de thèmes sont présents et fidèlement retranscrits : La désillusion cruelle des descendantes du Mayflower propulsées chair à viol dans ces grandes villes dévoreuses d'âmes (New-York et Los Angeles, bien sur, se tirent la bourre depuis le début du cinéma pour savoir laquelle des deux villes sera la plus consommatrice d'illusions; pour l'instant La cité des Anges mène dans la quatrième, avec plus de 100 000 destins brisés de blondes aux cheveux soyeux) dans ces temps de Sida, de drogues dures, de clubs pas cher et de très bonne musique, le 3 ème sexe émergent, la mode et ses mannequins, mais aussi les extra-terrestres, le meurtre, l'aveuglement, L'intolérance (Love's Struggle Throughout the Ages).
L'esthétique est tellement pure, on reconnait la patte d'un soviet. Et puis regardez le synopsis, les aliens sont des génies. Le film se permet de dériver sur le Pulp, de glisser sur le gore, de se répandre sur le malsain (Les multiples viols m'ont rappelé Ms.45) de couler sur le cool. La musique est une réinterprétation de classiques du classique sur les premiers synthétiseurs, faisant de ce film une symphonie frénétique, donnant aux sous-genres de la New Wave leur lettre de noblesse.