Diablement envoûtant

Jamais trop tard pour rattraper un classique encore jamais vu, je vois enfin pour la première fois ce film considéré comme le dernier chef d'oeuvre réalisé par Mario Bava. Et c'est vrai que c'est bien. Je n'irai peut-être pas jusqu'à dire que c'est un chef d'oeuvre, mais c'est un film assez envoûtant pour nous happer dans son intrigue des plus étranges (voire nébuleuses).

En vacances en Espagne, Lisa est sur une grande place, au coeur d'un groupe de touristes, et se voit présenter une fresque murale représentant le Diable emportant les morts vers les enfers. Intriguée par une petite mélodie qu'elle perçoit soudain, elle quitte le groupe quelques minutes pour se perdre dans un dédale de ruelles et se retrouver dans une petite boutique où elle voit un homme qui ressemble étrangement au Diable de la fresque. Retournant sur ses pas pour rejoindre le groupe de touristes sur la grande place, elle se perd. Elle croise alors un homme qui la prend pour une certaine Elena: prise de panique, elle repousse l'homme qui tombe dans des escaliers et meurt. Horrifiée par le crime qu'elle vient de commettre involontairement, elle appelle aux secours, mais personne ne répondra à son appel. Une voiture s'arrête alors et la prend à son bord: à l'arrière, un couple; au volant, leur chauffeur. C'est alors que la voiture tombe en panne, heureusement à proximité d'une immense demeure, dont l'un des occupants leur propose de passer la nuit à l'intérieur...

Amorce d'intrigue plutôt compliquée me direz vous, et pourtant c'est encore bien plus compliqué par la suite. Mêlant les scènes possiblement oniriques (mais pas sûr) à l'intrigue, ajoutant une atmosphère fantomatique à cette ambiance de romantisme macabre, Mario Bava sème le doute dans notre esprit, mais arrive pourtant à nous captiver, car même si nous ne comprenons pas totalement ce que nous voyons, nous avons l'impression de le comprendre, et le film tient en équilibre comme cela, tout du long, comme sur le fil du rasoir entre compréhension et incompréhension.

Les acteurs jouent tous très bien leurs rôles respectifs, et dans le rôle du supposé Diable, Telly Savalas est très bon: à la fois avenant, accueillant, souriant, et ajoutant de temps à autre un peu d'humour à sa composition, on se retrouve devant un film parlant de satanisme, d'adultère, de nécrophilie et j'en passe, bien plus subtile qu'à l'accoutumée.

Et n'oublions surtout pas d'ajouter quelques mots pour la musique qui est véritablement magnifique: de toute manière, on le comprend dès les premières secondes du film, sur le générique. Mélodieuse, romantique et envoûtante en Diable, à l'image du reste du film.

Et toujours sur la même lignée, l'épilogue laisse encore planer le doute dans notre esprit sur ce que nous venons de voir, nous laissant un petit arrière goût de mystère voué à plusieurs interprétations.