Résumons : C'est l'histoire d'une orange (oui, le fruit), qui traverse la mer, parce que chez elle, ça craint, et elle arrive donc, suite a une tempête qui a tué toute sa famille (d'oranges donc), au pays des citrons. La, un méchant citron avec des grosses lunettes de soleil l'embauche dans son usine, pour ramasser les tomates. Histoire d'amour avec la fille du gros citron méchant, qui est menée jusqu'à lui par son pote le coquillage-chapeau. Ils se marient, mais en fait nan, parce que les tomates se révoltent, mais en fait si, parce qu'au final ils ont un enfant, mi-orange, mi-citron, qui est élevé par une méchante tomate avec des lunettes de soleil. J'ai oublié quelque chose ? Oui, c'est une comédie musicale, donc tous, oranges, citrons et coquillages, communiquent uniquement de façon chantée.
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Je te vois venir. "Ouais, la pauvre fille, elle a rien compris à l'art ! En fait c'est une critique politique sur l'émigration et l'exploitation des émigrés". Si si, j'ai compris. Mais ça ne change rien au fait que c'est tordu. Ni au fait que la révolte des tomates a la fin n'a aucun sens. Ni au fait que ce film s'adresse, selon le passage, soit aux amateurs de gore, soit aux amateurs de films d'auteurs, soit aux gamins, ce qui fait que, qui que tu sois, a un moment du film, tu t'ennui. La preuve, mon voisin de fauteuil s'est endormi des que la jeune fille citron s'est mise a chanter l'être aimé, et ne s'est réveillé qu'au générique. Moi ? J'ai luté. Déjà parce que l'animation est rigolote. Le film est en stop motion, avec des marionnettes en pâte à modeler. On retrouve le bon vieux truc de remplacer l'eau de la fontaine par des bandes de plastique et autres procédés très kitsch, mais dont la naïveté fait sourire. et tout l'intérêt du film était justement de confronter cette image naïve a son contenu violent. Soit. Mais ça n'explique pas la révolte des tomates à la fin.
Autre chose notable, évidemment, c'est la forme de comédie musicale exclusive. Finalement, ce n'est pas si mal, puisque le réalisateur se pose le défi de ne faire communiquer ses personnages qu'en chantant, et comme il a bien conscience que de les entendre chanter du début à la fin, ça risque d'être lassant, eh bien on a une économie du dialogue qui est assez intelligente. De même sur le plan sonore, on a un décalage violent entre la naïveté de la musique et de la mise en forme (rimes très basiques, voir absence de rimes, chansons redondantes sur le modèle de la comptine, ect), et la violence du propos. Et puis, je ne sais pas qui interprète Lisa (la fille citron), mais j'aimais vraiment bien sa voix. Soit. Mais ça n'explique toujours pas la révolte des tomates à la fin.
En fait si, j'ai bien ma petite théorie quant à la folie du scénario. C'est un prolongement en fait de ces différents contrastes qui sont mis en place à différents niveaux du film. On le retrouve dans le scénario : son aspect totalement démentiel, qui plonge à plusieurs passages dans le rêve, frôle le happy end, ect, cette naïveté là s'oppose à ce qu'est vraiment le scénario : un pauvre mec qui en fuyant la pauvreté perd sa liberté (sans se débarrasser de sa pauvreté par ailleurs), d'autant plus brûlant que cet aspect là du scénario, trouve ses sources dans la réalité.
Bon, très bien. Un film très bien pensé donc, sur lequel, pour une fois, le travail des technicien n'est pas négligé : ils ont une importance capitale et participe à la création de l'idéal de l'art total, qu'on atteint ici, malgré tout. L'équipe d'animation a fait un travail formidable, de même que le compositeur, les interprètes, le scénariste, ect.
Alors qu'est ce qui ne va pas ? C'est trop. Juste totalement dans la démesure, du début à la fin. On joue sur des contrastes, d'accord, mais qui sont exagérés à l’extrême, tendant d'un coté vers le pathétique, de l'autre coté dans la naïveté totalement perchée. Et du coup, ces deux aspects forts sont les seules choses que voit le spectateur, au premier regard, et le contraste lui-même est finalement éclipsé. Et a moins que ledit spectateur ai, comme moi, l'idée saugrenue d'écrire un article sur le film (mais quel intérêt, puisqu'il ne sortira même pas en France ), il ne s'intéressera jamais au sens profond du film, à l'intention du réalisateur, qu'il tiendra comme un illuminé de plus parmi les cinéastes d'animation.
http://zalya-va-au-cinema.over-blog.com/2014/12/carrefour-du-cinema-d-animation.html