Imper et Trépasse

Au début des années 80 la France va connaître une petit vague de vigilante movie dans la sillage de la frétillante moustache de ce bon vieux Charles Bronson avec des films comme Tir groupé ou Légitime violence. Moins connu et un peu en retard d'une justice expéditive Liste Noire de Alain Bonnot débarque sur les écrans français en 1984 et offre à Annie Girardot un rôle inattendu d'ange noir et mère de la vengeance.

Liste Noire raconte donc l'histoire d'une mère de famille à priori sans histoire qui décide de venger la mort de sa fille manipulée et exécutée par une bande de malfrats à la suite du braquage d'un fourgon de transport de fonds.

Je n'avais jamais vu Liste Noire essentiellement parce que je n'arrivais pas du tout à m'imaginer Annie Girardot crédible en Charles Bronson. Le film de Alain Bonnot démarre de manière assez bancale et pataude avec une mise en place des enjeux qui manque de profondeur , de souffle et de souffre. Difficile par exemple de vraiment croire au passé de pilote de rallye du personnage interprété par Girardot, pas facile de s'attacher à cette bande de paumés rebelles servis par des jeunes comédiens pas trop inspirés et pas simple non plus de vraiment se sentir captivé par cette histoire de braquage qui tourne mal avec des tonnes de personnages sans aucune épaisseur. Et puis d'un coup Annie Girardot nous cueille en émotion lorsqu'elle assiste impuissante à la lente agonie de sa propre fille et lorsqu'elle enfile ensuite son imper en cuir noir brillant flingue à la main je dois avouer que sans y croire totalement le film prend une dimension délicieusement bis de divertissement tendancieux et pas vraiment politiquement correct qui me réjouit beaucoup. Le film de Bonnot s'en va même flirter avec le bis à l'italienne ou la série B américaine lorsque Annie Girardot entreprend d'écrabouiller un malfaiteur dans sa voiture à l'aide d'un tractopelle. L'enquête pour retrouver les assassins n'est pas vraiment palpitante, d'ailleurs il n-y en presque pas, la vengeance manque sans doute de noirceur mais petit à petit le film impose la figure d'ange noir avançant vers le point de non retour tout en laissant des cadavres dans son sillage jusqu'à un joli final montrant Annie Girardot qui suit seule le corbillard de sa fille alors que la police attend de l'arrêter. Une manière forte de montrer un personnage perdu, coincé entre la mort, le désespoir et la justice, la sienne et celle de la société.

Liste Noire est loin d'être un très grand film et j'avoue que je n'y crois jamais vraiment, mais pour ses aspects totalement bis et la présence d'Annie Girardot le film reste au final tout à fait regardable.