C'est quand même bien mauvais, malgré toute l'indulgence dont je suis capable lorsqu'il est question de polar et/ou de ciné français des années 80.
La mise en place du film est une horreur, même si "Liste noire" a plutôt tendance à s'améliorer au fur et à mesure, heureusement - pour s'achever sur deux séquences assez réussies : le dialogue entre le flic et le juge (Michel Aumont, qui apparaît dans cette unique scène), puis le convoi funèbre à Honfleur, avec le corbillard qui déambule le long du port.
Auparavant, il aura fallu s'infliger un vigilante movie franchouillard mal branlé, plombé par une interprétation catastrophique (en particulier de la part de la jeune génération), une photo grisâtre aussi triste que laide, et une réalisation approximative.
Ce qui aurait pu sauver le deuxième long-métrage d'Alain Bonnot (après le pourtant correct "Une sale affaire"), c'est son extrême noirceur - du propos d'abord, mais aussi des situations, avec une violence explicite qui devait faire son petit effet sur les écrans français en 1984. Hélas, sur de telles thématiques, on ne tolère pas l'à-peu-près et l'amateurisme, sans parler des effets de style inappropriés (une exécution sommaire filmée au ralenti, par exemple).
C'est l'époque où Annie Girardot a entamé son déclin au cinéma, contrainte d'accepter des rôles de second plan (son spectacle sur scène ayant été un bide total, doublé d'un gouffre financier).
Entre vieillissement "naturel" et soucis personnels, le visage de la comédienne commence à être marqué, ce qui aurait pu être un atout pour ce rôle dans "Liste noire". Or sans démériter foncièrement, Girardot ne parvient pas à sauver le film à elle seule, pas aidée par l'écriture assez sommaire de son personnage.