En revoyant "Little Big Man" après 25 ans, j'ai réalisé que c'était en fait la première fois que je le voyais en VO, avec la voix si caractéristique de Dustin Hoffman, offrant un décalage supplémentaire à cette fresque ambitieuse mais paradoxale, qu'Arthur Penn a composée en essayant de capturer l'essence mensongère du rêve américain. Il a choisi en effet de forcer l'humour à gros traits pour mieux être sérieux, voire grave (on parle quand même ici de l’ambiguïté fondamentale de valeurs américaines construites sur un génocide !). Mais c'est sans nul doute parce qu'il choisit la forme du conte oral, avec ses divagations, ses retours en arrière, ses accélérations, ses mensonges aussi, que Penn réussit à faire un film aussi léger, aussi magique qu'une soirée au coin du feu à écouter les souvenirs improbables d'un ancêtre affabulateur, plutôt que de nous pondre une oeuvre pontifiante et indigeste comme Hollywood en produit tant sur de tels sujets. [Critique écrite en 2003]