Ce film reste comme l'un des rôles marquants de Dustin Hoffman alors au début de sa carrière, dans la peau de Jack Crabb, un pauvre gars tiraillé entre 2 cultures, qui raconte ses souvenirs à un journaliste alors que c'est un vénérable vieillard âgé de 121 ans ; cette prouesse fut accomplie par Dick Smith, un magicien du maquillage en latex qui était réputé pour ses prothèses saisissantes. Le film est aussi l'oeuvre d'un grand réalisateur, Arthur Penn qui n'a jamais oublié que la réflexion ne devait pas empêcher l'action ; ici, les scènes de massacre d'une rare violence pour l'époque (on est en 1970) servent à dénoncer la stupidité des guerres indiennes et la culpabilité des soldats, idée qui sera reprise de façon plus virulente la même année dans Soldat bleu, car c'était l'époque où Hollywood remettait en cause l'Histoire des Etats-Unis.
Ce film raconte un siècle d'histoire américaine et revisite les mythes du Far West en évoquant toutes les turpitudes de ce grand pays, ce qui fut bon et ce qui fut terrible... mais tout cela sous le couvert d'une épopée picaresque. Mélange étonnant de pamphlet drolatique, de burlesque, de drame, de satire joviale ponctuée de moments cruels et horribles, c'est une oeuvre contestataire, débridée et profondément humaniste, et non le fourre-tout désordonné et excessif dont certains critiques ont bien voulu l'affubler à sa sortie. En tout cas, il est clair que le film appartient au "Nouvel Hollywood" puisqu'il bouscule la mythologie westernienne et déboulonne quelques mythes, à l'image du général Custer jusqu'ici considéré comme un héros, et qui est laminé en étant présenté comme un fou sanguinaire et un sinistre tueur d'Indiens (ce qu'il était en réalité).
On retient aussi la grande sagesse simple et la tendresse du personnage du vieux chef Old Lodge Skins joué par Chief Dan George, authentique chef Sioux qui connaitra une petite carrière à Hollywood (on le retrouve notamment dans Josey Wales hors la loi de Clint Eastwood). Voici donc une page d'Histoire anticonformiste qui démystifie la Conquête de l'Ouest, mais sans plaidoyer moralisateur, tout en reconstituant avec lyrisme la vie des Cheyennes.