Prenez une famille de bras cassés attachants, un grand-père héroïnomane et libidineux, son fils Richard obnubilé par la réussite et donnant de très médiocres conférences sur le sujet, Frank le beau-frère de Richard, écrivain homosexuel suicidaire qui se console en pensant qu'il est le plus grand spécialiste étatsunien de Proust, son petit-fils Dwayne, muet depuis neuf mois et qui le restera jusqu'à ce que l'école militaire de pilotes l'accepte dans ses rangs, Olive soeur pétillante de Dwayne, rêve de participer au concours de mini-miss Little Miss Sunshine. Au centre de la mêlée il y a Sheryl, femme de Richard, à peu de choses près saine d'esprit et qui tente de maintenir un équilibre précaire entre les membres de sa tribu, le dernier des personnages sera la route.

Car Little Miss Sunshine est un authentique road movie en ce sens qu'au-delà d'un simple prétexte à l'histoire, la route va contribuer à bouleverser les rapports des personnages entre eux. C'est bardé d'une bonne dose d'humour que le film nous embarque dans un long périple en combi Wolkswagen jaune, comme on s'y attend à chaque fois depuis l'Odyssée d'Ulysse, le parcours sera ponctué de coups du sort et même d'un drame. Le plus amusant de ceux-ci étant sans doute cette panne d'embrayage qui oblige à démarrer en poussant la camionnette pour ensuite sauter dedans en route. Le drame, moins amusant ne peut se découvrir qu'à la vision du film.

Ce genre d'oeuvre marque rarement par ses prouesses de réalisation et de mise en scène tant le propos, le jeu des acteurs et l'inexorable fraîcheur qu'il dégage sont plus importants. Les tensions qui existaient entre les membres de la famille vont peu à peu s'effacer devant les épreuves, chacun finissant par s'ouvrir à l'autre sous l'influence d'une solidarité naissante, le seul but qui les lie étant d'emmener coûte que coûte Olive jusqu'à son concours. Les préjugés cèdent peu à peu la place, l'autre ne se réduisant plus qu'à ce qu'il montre à priori.

Ce film est un soleil, une bulle d'air pour qui étouffe sous le poids du quotidien, une incitation à envoyer promener les normes, les codes et les figures imposées. Sceptiques au début face aux personnages et à leur humour si particulier, on fini par tomber totalement sous le charme de leurs différences magnifiées par une aventure au fond tellement originale.

Sans vouloir gâcher la découverte, il faut souligner un final absolument réjouissant et délirant qui apporte à peu près autant d'énergie qu'une caisse de Red Bull. À noter au passage que les concours de mini-miss à l'étatsunienne et leurs lolitas maquillées comme des voitures volées prennent un magistral coup de griffe, pour notre plus grand bonheur.
Jambalaya
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le 16 déc. 2012

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Jambalaya

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