En faisant débouler son héros pathétique dans la vie bien rangée de sa sœur comme un chien dans un jeu de quilles, "Little Monsters" ne peut qu'emporter notre adhésion dès les premières minutes. Irresponsable, immature et en plein désarroi sentimental, Dave est un complet loser adulescent qui n'en a aucunement conscience et qui compte bien mener sa petite existence comme il l'entend ! Évidemment, la dynamique comique utilisée est archi-connue, notamment dans sa relation avec son neveu, mais le film en joue avec une telle efficacité qu'il est dur d'y résister. Et, si l'on ajoute l'arrivée de Miss Caroline, la jolie institutrice interprétée par Lupita Nyong'o dans l'équation, on peut dire que, pour l'instant, "Little Monsters" joue parfaitement de ses atouts et fonctionne à plein régime pour faire rire.
Alors, forcément quand tout ce petit monde part pour une excursion scolaire dans une parc animalier où une épidémie de zombies va se joindre à la fête, on est plutôt confiant vis-à-vis du potentiel délirant et sanglant de cette comédie horrifique partie sous les meilleurs auspices. Une impression d'ailleurs confirmée par les premières minutes très amusantes de l'arrivée des morts-vivants (aux maquillages très réussis) où le cadre et les personnages enfantins d'un tel lieu sont bien sûr détournés de manière absurde et morbide, toutefois, c'est surtout l'espèce d'illusion de normalité que cherche à entretenir l'institutrice pour rassurer ses élèves qui emporte la mise en matière de décalages humoristiques.
Hélas, lorsque "Little Monsters" immobilise son groupe de personnages dans un abri de fortune, le film va sembler en faire tout autant et révéler toutes les faiblesses de son offre. En fait, on se rend compte qu'à l'instar des enfants de la classe, "Little Monsters" nous a maintenu jusque-là dans un mirage grâce à son tempo comique soutenu qui, désormais, ne parvient plus à jouer son rôle avec la stagnation de ses protagonistes. En voulant notamment s'intéresser à la remise en question de son héros en lieu et place du joyeux carnage zombiesque promis (les morts-vivants se retrouvent bien trop longtemps relégués à l'arrière-plan), le film retombe comme un soufflé, handicapé par ses enjeux bien trop ordinaires. Avec son côté tellement attendu et facile, le personnage de Josh Gad incarne sans doute le mieux ce marasme général dans lequel "Little Monsters" s'enlise dangereusement à notre grand étonnement (et déception). La situation est très frustrante car le film possède son lot indéniable de fulgurances où l'on décèle un supplément d'âme laissant clairement entrevoir un bien plus grand potentiel. L'addition du charme solaire de Lupita Nyong'o et de la sympathie que nous fait ressentir Alexander England à l'égard de Dave élève souvent "Little Monsters" à des niveaux qu'il aurait un mal fou à atteindre sans eux, recréant cette illusion des débuts qui cherche à masquer les nombreux défauts du reste. Ces bons moments et une dernière partie heureusement bien plus réussie (l'épilogue est incroyablement touchant !) montreront bien que "Little Monsters" avait un cœur au milieu de sa horde de zombies affamés mais, en matière de comédie horrifique, la proposition ne se sera pas révélée assez solide pour le mettre en valeur en permanence. Vraiment dommage car, dans le fond, on aurait pu suivre Lupita Nyong'o et son ukulélé jusqu'à la fin du monde...