Dur dur de renouveler un genre, hein Ben ?

4 ans après nous avoir livré un bon Argo, Ben Batman/Bruce Wayne Affleck qui cumulent maintenant les casquettes d’acteur, de réalisateur et de producteur revient derrière et devant la caméra avec son quatrième long-métrage qui, si il était attendu il y a peu, laisse maintenant planer pas mal de doute en raison d’un mauvais accueil alors que l’acteur/réalisateur était plébiscité de film en film par la critique américaine jusqu’à dernièrement.

Si en tant qu’acteur Ben Affleck a plus divisé le public en entraînant notamment un mouvement de bashing depuis Pearl Harbor, en tant que réalisateur la surprise a été totale pour beaucoup, et surtout en bien puisqu’il a toujours attiré la bienveillance de la critique locale, dés son premier film et cela est resté ainsi jusqu’à maintenant. De l’excellemment pensé Gone Baby Gone en allant jusqu’au bien mené Argo sans oublier The Town plus anecdotique que son troisième et premier long-métrage mais qui reste un sympathique film de gangster.

Ceci étant dit, puisqu’on parle de film de gangster, c’est un genre à risque désormais lorsqu’on sait que ces films ont été popularisés ou ont atteint les sommets du genre plus d’une fois auparavant, les titres comme Les Affranchis, Le Parrain ou L’impasse parlent d’eux même et représentent le mieux ce genre. Et même si on peut citer quelques bons titres moderne de ce genre tel que American Gangster ou Les Infiltrés, ce n’est pas le genre qui a dominé le plus le cinéma actuel par rapport aux blockbusters super-héroïque. Vu qu’il est difficile de se renouveler et que le film avait toutes les chances de souffrir de la comparaison avec ces grands films, comme Stricly Criminal de Scott Cooper.

Après, si on se retrouve bel et bien devant le film le plus faible de sa filmographie, il y a certaines choses à reconnaître en bien. Ben Affleck étant en principe un très bon filmeur, et sachant rendre son imagerie très belle à contempler à l’image de sa photographie de toute beauté et du travail apporté au montage lors des séquences d’actions et de déplacements. A l’image de la course poursuite entre Joe Coughlin et les forces de l’ordre. De même pour le soin apporté à l’éclairage comme lors des scènes d’intérieur ou de crépuscule, visuellement Live by Night est très agréable pour nos rétines et dans la forme esthétique il n’y a pas grand-chose d’affreux à ajouter.

De même pour les performances d’acteurs, Ben Affleck ne manquant pas de présence et les principales stars au casting faisant tous du très bon boulot, Zoé Saldana la première ainsi que d’Elle Fanning. Sauf que la présence de Sienna Miller et Brendan Gleeson sont entièrement discutable, Miller étant présente pour à peine 10 minutes sur deux heures en plus d’avoir une sous-intrigue prévisible et Gleeson étant une nouvelle fois présent pour un rôle trop tertiaire qui ne servira à rien au final alors qu’il aurait été intéressant de faire un paradoxe entre le père flic Coughlin et le fils bandits Joe Coughlin.

D’ailleurs ce doit être le principal problème du film, son manque de surprise ou d’innovation par rapport à ses aînés, et même par rapport à des films de gangster plus modeste comme Donnie Brasco de Mike Newell. Ce n’est pourtant pas une mauvaise idée de placer le centre de l’intrigue pendant la période de la prohibition, sachant que c’est une période qui n’a pas été très exploité dans les films de gangsters sorti auparavant. De même que placer le déroulement de l’intrigue principal en Floride pour dépayser le spectateur.

Sauf qu’au-delà du cadre, Ben Affleck nous livre une galerie de personnage pas bien extraordinaire, Joe Coughlin étant le seul à avoir un caractère bien défini et un background correcte, les autres faisant majoritairement de la figuration et les parrains des familles mafieuse Pescatore et Albert White étant beaucoup trop transparent pour qu’on en ait quelque chose à secouer, ce qui est tout aussi problématique alors que la vengeance de Joe Coughlin repose sur l’humiliation enduré à cause de ces deux bonhommes (surtout Albert White).

Live by Night tente, avec tout cela, de raconter l’histoire de Coughlin sur un rythme posé en traitant des différentes étapes de la montée en foce du jeune gangster. Mais même dans la narration j’ai eu beaucoup de mal à me sentir investi, surtout avec le procédé de la voix-off d’Affleck (Boris Rehlinger dans la version française) parfois utilisé inutilement. Des scènes parfois trop longue, parfois coupés trop tôt, des parties qui traînent

ou qui ne passionnent jamais faute à un manque de développement des protagonistes comme l'ami de Coughlin Dion Bartolo qui est très lambda.

L’ensemble en devient donc assez vide et n’est sauvé que par sa forme visuelle, ses scènes de fusillades violentes et la performance du casting.

Concrètement, ça n’est même pas un navet sur lequel hurler, mais surtout une tentative vaine de livrer un film de gangster solide ou novateur malgré le contexte historique du film et la période mise en avant, l’ensemble frustrant plus qu’autre chose. Les non initiés au genre y trouveront probablement leur compte, mais les plus avares en films de gangsters risquent plus de s’ennuyer que d’être envoûté malgré le travail apporté sur la forme. Si Ben Affleck reste toujours présumé pour réaliser The Batman prochainement, j’espère qu’il se montrera plus inspiré qu’ici dans l’écriture et convaincra dans sa mise en image. Souhaitons-lui bon courage.