Danse macabre
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le 20 janv. 2017
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Décidément, Ben Affleck s’obstine dans la raideur : après la brutalité massive et carapace de Batman, sa version badass de Rain Man (Mr Wolf), le voilà qui revient à ses succès d’antan, à savoir l’adaptation à l’écran de Lehane, qui lui avait valu l’assez réussi Gone Baby Gone. Rappelons qu’il avait tout de même eu l’idée de ne pas jouer dans cet opus, stratégie de haute volée qu’il n’a pas jugé utile de reconduire ici. Tant pis.
Monolithique, faux jusque dans sa démarche, pensant que sa carrure (assez étrange, par ailleurs : il semble gros sans l’être vraiment) suffit à lui assurer l’autorité qu’est censé dégager son personnage, le comédien se plante à chaque plan.
On aurait cependant tort de juger l’ensemble du film à l’aune de sa non prestation : ne soyons pas de mauvaise foi, il rate aussi beaucoup de choses en tant que metteur en scène. J’ignore quelle part de responsabilité il endosse dans le scénario et ce qu’il a dévoyé du roman de Lehane, qui m’était tombé des mains en son temps, mais je ne suis pas prêt de le reprendre : cette histoire cousue de fil blanc mange à tous les râteliers, des irlandais aux ritals, des cubains aux blacks, du Klan à la prohibition, des fanatiques religieux à la dénonciation de la guerre, pour finir par se diluer en un brouet insipide sur à peu près tous les domaines. Et ce n’est pas le twist, qui viendra arranger les choses : sa seule fonction semble être d’ajouter dix minutes à un métrage qui semblait déjà bien trop long.
Affleck a une ambition : le classicisme. Puisqu’il n’est pas sans savoir que ce genre d’histoire de gangster, de larmes et de sang a déjà été porté à l’écran cent fois, et en cent fois mieux, il pense pouvoir jouer dans la cour des grands : lumières tamisées, budget costumes et voitures d’époque sans limite, reconstitution à grands frais et cours d’histoire tous les quarts d’heure. Mais rien n’y fait, ça ne prend pas. Il est presque triste de constater à quel point la mayonnaise, cette alchimie un peu magique, tient à peu de choses : ses parrains semblent des poupées de cire, ses donzelles ont le charisme d’une canne à sucre, dans un rythme plan plan qui ne parvient jamais à faire oublier à quel point tout cela est écrit – et laborieusement. Chaque réplique semble être destinée à une bande annonce, le genre de maximes en carton qui tentent de nous faire passer pour de la sagesse les platitudes les plus éhontées.
Il se donne pourtant du mal : jolis paysages (il ajoute même des dauphins, c’est dire), quelques plans-séquences inutilement tarabiscotés, histoire de rappeler que quelqu’un est derrière la caméra, scènes de sexe aussi émouvantes qu’une pub pour les litières, fusillades et courses-poursuite, réflexion sur l’Amérique de la mixitié… Las.
Une seule petite parenthèse laisse espérer la naissance d’un personnage : l’intervention d’Elle Fanning, qui semble pouvoir irriguer le marasme de son charme noir.
Mais elle a tôt fait de comprendre l’univers inepte dans lequel elle évolue et agit en conséquence, par un suicide doté d’un certain panache, qui donne des idées au spectateur : il l’aurait volontiers accompagnée pour mettre fin un peu plus tôt à ses souffrances.
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le 28 janv. 2017
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