Qu'on soit un détracteur de Ben Affleck ou non, force est de constater que le bonhomme sait se débrouiller un minimum quand il (co)écrit un scénario (Will Hunting) ou qu'il se trouve derrière la caméra (le CIA-friendly Argo). Je regrette d'ailleurs toujours un petit peu le fait qu'il n'ait jamais pu réaliser le Batman qu'il souhaitait. Dans tous les cas, avec Live by Night, Ben Affleck a endossé le plus de casquettes possible : réalisateur, scénariste, producteur et bien évidement acteur principal.


Concernant ce dernier statut, il se débrouille plutôt bien dans le rôle de Joe Coughlin, criminel qui ne l'est pas tant que ça. Bon, ça ne vaut pas non plus un Leonardo DiCaprio, coproducteur du film, qui a aussi failli tenir le rôle principal (je n'aurais aucun intérêt à faire cette comparaison sinon), mais je n'ai rien noté de particulièrement mauvais dans son jeu.

Sans surprise, ce que le film réussit de mieux est sa photographie. Il faut dire aussi qu'avec Robert Richardson pour l'épauler (rien de moins que le directeur de la photographie des films de Quentin Tarantino et d'Oliver Stone), je ne vois pas comment on aurait pu avoir un mauvais désagréable de ce côté-là. En tout cas, sur ce point bien précis, Ben Affleck sait tout autant tenir une caméra que s'entourer des bonnes personnes.


En fait, là où le film s'en tire vraiment mal, c'est au niveau de son scénario. C'est pour le coup bien moins compréhensible quand on sait que Ben Affleck s'est toujours bien débrouillé au niveau de l'écriture, que le film est une adaptation d'un roman un minimum réputé (noté 7,4 sur SensCritique à l'heure où j'écris ces lignes) et qu'il n'en est de toute façon pas à sa première adaptation d'un roman de Dennis Lehane.

On retrouve un peu tous les clichés possibles et inimaginables pour le genre, comme si le long-métrage devait cocher l'intégralité d'un formulaire de clichés. Ainsi, on retrouve par exemple :

  • le caïd irlandais contre le mafieux italien ;
  • la présence d'un triangle amoureux, qui heureusement ne s'éternise pas durant tout le film (en même temps, vu comment ils se cachent, je ne vois pas comment ils auraient pu tenir durant tout le film) ;
  • le passage par la case prison ;
  • des membres du Ku Klux Klan complètement teubés (pléonasme ?) ;
  • des retournements de situations de dernière minute un peu faciles…

Même au niveau de sa narration (Joe nous narrant son aventure), du traitement de la plupart de ses personnages secondaires ou de ses thèmes musicaux, on tombe en plein dans les clichés habituels. Ça doit peut-être venir du fait que je sois un fan de Metal Gear, mais je pensais Harry Gregson-Williams capable de faire mieux.

L'autre problème, c'est qu'en plus de ne pas être bien original, on s'emmerde un petit peu vu qu'on sait où le film va nous mener. Pour le coup, la relation entre Joe et sa femme Graciela ne fonctionne absolument pas tant elle est amenée n'importe comment. Enfin, Ben Affleck nous ressort la fameuse tirade déjà entendue et réentendue des milliards de fois, critiquant le fameux rêve américain, les grands contre les petits, les exploiteurs contre les exploités… le rêve américain, c'est de la merde, ça tout le monde le sait, ce serait juste bien de pousser les curseurs encore plus loin maintenant.


Ça ne veut pas dire que tout est raté non plus à ce niveau-là. En fait, le long-métrage possède même quelques bonnes idées, quelques répliques bien trouvées, bien écrites. Déjà, le personnage principal ne tombe pas dans le cliché du mafieux sans foi ni loi qu'on tente de nous faire aimer. En fait, ce n'est même pas tant un « connard » que ça, Joe préférant jouer sur son apparence plutôt que de réellement menacer autrui : aussi incroyable que cela puisse paraître compte tenu de la carrure de Ben Affleck, il préfère bluffer que cogner. D'ailleurs, si on retrouve le cliché du personnage qui a fait la guerre ; il me semble important de préciser qu'ici, le personnage est un engagé volontaire qui est parti avec des valeurs, en croyant à des idéaux. Dans le genre, le film se positionne sans aucun mal plusieurs crans au-dessus d'un produit médiocre tel que Peaky Blinders.

Concernant les autres personnages, si le père de Joe (Brendan Gleeson) ainsi que le chef Figgis (Chris Cooper) ont droit à quelques rares bonnes scènes, quelques répliques sympas, c'est surtout la fille de ce dernier, Loretta Figgis (Elle Fanning) qui s'en tire le mieux. Le personnage étant amorcé au bon moment et suivant une trajectoire d'autant plus originale comparée à celle des autres intervenants du film. Dommage que l'intégralité des personnages n'ont pas eu le droit au même traitement.


Bref, s'il fallait résumer l'écriture de Live by Night en une seule phrase, je dirais que ce n'est absolument pas original, mais pas mal écrit pour autant. Difficile de vous recommander le visionnage du film pour cela. Reste la photographie et quelques plans bien trouvés… mais ce n'est pas ça qui le sauvera non plus.

MacCAM

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