Véritable film fantastique, Livide est un espèce d'ovni dans le paysage du cinéma français. Débutant comme n'importe quel film de maison hantée (ou maudite), le film raconte l'histoire de trois jeunes décidant de cambrioler la maison d'une vieille femme très riche plongée dans le coma, Livide s'écarte rapidement des chemins déjà convenus. Nul histoire de fantôme, et pourtant on trouve des marques de fantômes, des apparitions, des ombres, des disparitions, jouant sans cesse avec le spectateur et les codes qu'il possède, les réalisateurs s'amusent à nous faire peur, nous plongeant dès le début dans un film à la limite du drame, pour plonger très rapidement dans l'horreur. L'ambiance dans la maison est parfaite. Les références offertes de ci de là, interviennent toujours au bon moment, ne venant pas rompre la narration, elles sont délivrés durant les temps de "pause", et personnellement j'ai beaucoup aimé la petite référence à Halloween 3, délicieuse. Et le film continue sans cesse à évoluer, donnant de l'épaiseur à ses personnages, autant qu'à la maison qu'il s'amuse à nous en tracer la description d'une manière assez claire pour ensuite nous perdre totalement. On se retrouve, avec l'héroïne, tel une alice au pays des merveilles, voyageant entre l'horreur et le merveilleux, entre les monstres et les fantômes, ne sachant vraiment à quoi on a affaire.

Le film s'axe en deux partie, la première partie ressemble assez bien à un bon film de maison hantée, une propriétaire mystèrieuse, trois jeunes, un fabuleux trésor en perspective et une maison terriblement inquiétante. A partir de là, le jeu commence, avec une ambiance qui nous envoie très facilement dans notre enfance, tout en jouant avec les codes de l'épouvante, le film dérive tout doucement, et sans qu'on s'en rende bien compte vers sa seconde partie bien plus fantastique et terriblement merveilleuse. Sans nous donner les clés, on nous balance dans ce labyrinthe peuplé de fantômes et de monstres, de souvenirs à la limite de l'onirisme, et de cette réalité terriblement inquiétante et étouffante. Rapidement, le jeu s'inverse. Dès lors ce ne sont plus les héros qu'on suit mais les monstres dont on tente de comprendre les actes, et surtout le pourquoi du comment. Est-ce là le défaut du film? En tentant de combiner les deux, on perd finalement les 3 héros du début, seule l'héroïne reste présente mais en filigrane. C'est vrai qu'au début en sortant du film, j'étais un peu perdue.

J'avais clairement l'impression d'être Alice, perdue au pays des merveilles, sans comprendre le sens de ce que j'avais vu. Et puis j'ai vu ce petit bout de ficelle, et j'ai tiré dessus. Au-delà du désir évident de livrer un véritable film fantastique français, et du besoin d'essayer de rester original jusqu'au bout, c'est surtout l'onirisme et la poésie de la seconde partie qui m'a frappé. Et puis je me suis souvenue d'une scène au début, et j'ai compris que tout le film ne parlait en fait que de deux choses, le rapport mère/fille, celle de l'héroïne est absente, un fantôme à la fois effrayant puisque l'héroïne la voit pendue, et en même temps rassurant, en revanche celle de l'enfant monstrueuse est trop présente, véritable monstre qui veut garder son enfant auprès d'elle à tout prix, au point de faire d'elle une poupée, un pantin, c'est aussi du besoin de grandir dont parle les films. Les trois héros ne font pas ce cambriolage par manque de morale ou pour s'amuser, ce n'est même pas l'appât du gain, mais le besoin financier pour se détacher de leurs parents, l'héroïne veut échapper à son quotidien, un père qui se remet trop facilement du décès de sa mère, une belle-mère envahissante, son petit ami veut échapper à son destin et pouvoir enfin quitter son boulot, et leur meilleur ami quand à lui doit quitter les jupes de sa mère. Tous ont le besoin de voler de leurs propres ailes, et vont croiser la route de l'enfant monstrueuse qui n'a jamais quitté le nid, et en rêve terriblement, rêve qui ne sera réalisable qu'avec l'aide de l'héroïne. La beauté de la fin, avec cette envolée vers les cieux m'a fait penser quand à moi à une âme s'envolant au paradis, l'héroïne a traversé les épreuves et peut enfin rejoindre sa mère, peut enfin accéder à la paix, et permettre à l'enfant monstrueuse de enfin vivre sa vie.
Sophia

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