Lorsqu'un réalisateur japonais a brillé dans l'adaptation d'un manga sur grand écran, on a envi de voir la personnalité, que l'on aura discernés derrière l'adaptation, dans un film plus personnel où le réalisateur aura plus la main mise sur ce qu'il propose à l'écran. C'est le cas pour moi de Naoko Yamada dont j'ai énormément aimé son film A silent voice, où il a su montrer une véritable maitrise de la mise en scène avec un style proche du dessin en surimpression qui permet de suggérer et de faire des envolés lyriques, et le travail de la lumière qui est souvent lié à un climat durant une discutions ou une relation. C'est donc avec une certaine attente que je découvre Liz et l'Oiseau bleu et... c'est pas tout à fait ça.
En terme de réalisation il n'y a rien à dire. On retrouve le travail de Naoko Yamada quand il s'agit de faire des titres comme écrit à la main, des moments plus poétiques et imagés lorsque l'on parle du conte et que l'on adopte un aspect dessin aquarelle sur papier canson, un style graphique très léger et clair afin de retranscrire une certaine innocence et une pureté dans ses personnages qui est très agréable à l'image, et des scènes au crépuscule où la lumière permet de souligner le caractère aride et chaud d'un couloir, ou le renfermé d'une salle de classe en mettant en valeur la poussière qu'elle contient. Mais plus que des gimmicks graphiques, le réal déploie ses gimmicks en terme de mise en scène avec un récit et un rythme proche du film contemplatif lorsqu'il étire les scènes et va détailler chaque détails de l'action d'un personnage avec autant de plan pour souligner le temps qu'il passe et le temps qu'il faut à un personnage pour se lever d'une chaise ou aller se coucher. Enfin les personnages sont tous (ou presque) bien écrits. Pas un personnage ne semble faux ou en faire des tonnes dans leurs façon de se mouvoir ou de parler, chose de plus en plus rare dans l'animation japonaise actuelle. Et les 30 premières minutes sont très agréables car on n'a pas besoin de plus pour apprécier le moment, que ce soit la vie quotidienne de ce groupe de musique qui se préparent pour un grand concours, la relation qu'entretient la fille extraverti avec le reste de sa classe, et la relation que tient la fille introverti avec la fille extraverti qui a, par moment un côté vénéneux et envoutant, presque lesbien, qui se crée et qui devient fascinant tant elle est pleine de part d'ombre et de mystère sur la difficulté qu'a l'introverti de communiquer auprès d'une extraverti qui n'est absolument pas à l'écoute. Mais il y a un soucis: le film ne va pas plus loin que tout ce que je vous ai cité plutôt. Dit comme ça c'est dommage, voire même décevant car si j'ai l'air de faire de très beaux éloges, lorsque l'on se retrouve devant le film, on se rend compte que ce que j'ai dit plutôt est finalement assez banale et très secondaire. Le soucis étant que tout le film se construit autour d'une histoire entre deux filles, donc sur un scénario, et que le film n'en a aucun.
Dit comme ça cela peut être vague voire même exagéré lorsque l'on sait qu'il y a un parallèle de fait entre la relation des deux amis avec celle du conte qu'ils jouent avec l'orchestre, mais le fait est que le film ne raconte littéralement rien. Comme je le dis, on peut créer un sous-texte et une morale sur le fait de laisser partir ceux qu'on aime et éviter d'être trop possessif, mais même ça cela ne marche pas car le film appuie ce sous texte encore encore et encore au point que cela en perd toute forme d'intérêt. On nous présente des personnages bien écrits mais en soit on ne connait rien d'eux et le film ne développera pas plus. Et à la fin, on aura beau essayer vaguement de faire un twist avec une double lecture du conte, elle est faite sans préparation ni même de justification au point qu'elle parait et est artificiel et inutile tant elle n'apporte rien et tant elle ne fonctionne pas. C'est assez triste à voir. On a donc un film assez plat et très vite longuet, qui souffre du fait de vouloir tenir en 1h20 quelque chose qui n'a pas le contenu nécessaire pour tenir autant de temps, et si je disais que pendant les 30 premières minutes on ne s'ennuie pas, au bout de la 40e on se fait vraiment chier. Enfin je suis obligé de souligner que le récit manque de peu le propos de fond douteux lorsque le personnage principale introverti dit "pourquoi diable j'ai trouvé le moyen d'ouvrir la cage (de l'oiseau) ?" comme si elle disait "pourquoi diable j'ai trouvé le moyen de rendre libre un oiseau que j'aimerai m'approprier jusqu'à la fin de ma vie ?". Fort heureusement le film arrive à se débarrasser de ça en passant sous le tapis cette réplique qui sortait de nulle part, mais malgré cela j'ai un peu de mal à sauver un scénario vide d'intérêt et d'enjeux.
9,5/20
Faites vous un avis constructif et n’hésitez pas à le partager. De mon côté je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens mais je le respecterai encore plus si vous de vôtre côté vous respectez mon avis.