Locke, l'histoire d'un mec qui la joue collectif

Dans le monde nihiliste dans lequel il évolue, Ivan vit en tentant d'exorciser son démon paternel. Surtout ce soir, à l'aube de l'accomplissement de sa carrière, une tour de Babel de béton censé déformer la nappe phréatique sous-jacente et répandre son ombre sur deux kilomètres. Plus ou moins la métaphore qu'est Ivan, un bloc rigoureux, posé et réfléchi : inébranlable serait-on tenter de croire. Mais ce soir donc, l'unique coup de couteau dans son contrat de mariage lui annonce qu'il va être père d'un enfant illégitime deux mois avant le terme. D'un coup d'un seul, il sort de son costume de bon mari, de bon père et de bon contre-maître pour endosser celui d'un autre, celui de type aliéné que ses proches et collègues ne reconnaissent pas. Il tient de sa femme qu'entre une fois et jamais il y a un monde, précisément celui qui sépare le bien du mal. Lui-même orphelin de père, il est hors de question que son rejeton combatte le même fantôme, et pour rejoindre la mère à la maternité et connaître son enfant, il est viré de son job.
Ce soir peu importe, il n'est pas son père et il ne reproduira pas ses erreurs, il n'abandonnera pas son fils pour lui demander pardon 23 ans plus tard. Alors il fait les choses bien. Les autres appellent ça une faute. Chacun sa définition. Dans son esprit une faute ressemble d'avantage à un mauvais choix. A ce titre il 'en commet aucune. Et sur ce point Locke est un Homme, celui que son père ne fut jamais. Inébranlable comme sa tour qui finalement, grâce à son travail de fond et l'assistance d'un ami dévoué, se fera quand même.
Tom Hardy est monstrueux, c'est une découverte pour moi. Je ne l'avais jamais entendu parler. Grogner et rouler des mécaniques je pensais que c'était tout ce qu'il savait faire. Le film repose sur ses grosses épaules, celles de l'ensemble de la distribution vocale, le scénario et la mise en scène.
blig
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le 1 sept. 2014

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blig

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