Lola : on acclame partout Brillante Mendoza, mais je suis déçu : quelques belles scènes mais on ne d
On ne choisit pas toujours les circonstances d'une rencontre. Même si, cinéphiliquement parlant, les rencontres impromptues se font rares (à moins de fréquenter assidûment les festivals, ou d'être un adepte de Luke Rhinehart) et que l'on entend parfois longuement parler d'une personne avant de pouvoir lui donner un visage, ou une signature.
Depuis deux ou trois ans, le nouveau territoire, après H-K, l'Argentine, la Roumanie, et j'en oublie sans doute, semble être les Philippines, et tout cela grâce à l'unique, mais prolifique, Brillante Mendoza. Je le confesse, des déjà rares films de Mendoza distribués ici, je n'ai vu ni Kinatay, ni Serbis, dont les pitches pourtant me convenaient assez. Va donc pour Lola.
Oublions d'emblée les réminiscences demy-esques, les parapluies, ici, sont de Manille, récalcitrants et de toute façon bien insuffisants pour parer à la mousson qui déferle, aussi violente que soudaine, au point dans la seconde partie du film, de contraindre les piétons à se faire rameurs.
Lola, c'est la grand-mère. Ou plutôt les grands mères. Lola Sepa, presque toujours accompagnée de Jay-Jay, l'un de ses petits-fils, est en deuil. Vol (de portable) avec homicide, l'un de ses fils a été poignardé, qu'elle va chercher à enterrer dignement. Son histoire croisera celle de Lola Puring, dont le petit fils, amnésique, est le suspect du meurtre, qu'elle cherche à sortir de prison. Les deux mamies, elles, ne se rencontreront vraiment qu'assez tardivement, dans l'une des belles scènes du film.
Car ce que l'on voit surtout, c'est une réalité de Manille, la mise en scène de Mendoza conférant à l'ensemble un aspect documentaire assez fort. Les arcanes de l'administration locale (dont le coup de téléphone de la conseillère qui débloque miraculeusement une situation et qui pourrait prêter à sourire s'il n'était que "couleur locale"), l'état des prisons, jusqu'au premier incident lors d'un parcours en bus, on regarde finalement assez souvent vers les bas-côtés de notre histoire. Cela rallonge le film, le ralentit même, au rythme des pas de ses héroïnes, octogénaires au moins par leur allure, et lui confère cet aspect de simple chronique de la vie dans les bas quartiers de Manille.
Mendoza a choisi cette voie pour rester en retrait de l'émotion que son scénario aurait pu faire fleurir. On saisit alors la portée de son art, lorsqu'il ne fait qu'effleurer la détresse d'une femme agée, perdue dans une administration vétuste, ou que, dans un restaurant déjà au-dessus de leurs moyens, ces deux femmes, l'une meurtrie à jamais, l'autre qui en portera toujours le fardeau, badinent sur les hommes et leurs incorrigibles défauts.
C'est promis, bien que l'on n'aie pas totalement accroché, on essaiera de reprendre rapidement des nouvelles de Mendoza. On garde son numéro.