C'est dans un gigantesque cirque, sous un chapiteau géant, que l'on découvre Lola Montès alors en pleine déchéance et rejouant sa propre vie, face à un public voyeur et profitant de cette femme blessée.


Dernier film d'Ophüls, qui connaîtra la mort deux ans après sa sortie, Lola Montès a d'abord beaucoup divisé à son époque. Il nous fait suivre la déchéance de cette femme à travers une structure audacieuse tournant autour d'un spectacle de cirque dont elle est la vedette et où elle joue son propre rôle, celui d'une courtisane qui aura connu diverses aventures notamment dans les milieux mondains avant de chuter et de se retrouver vieillie et malade dans ce cirque, où sa chute est visible aux yeux de tous.


C'est assez effrayant la manière dont la vie de cette femme est livrée en pâture à un public odieux et la façon dont elle accepte son sort et rejoue sa propre vie, ne rendant son sort que plus fort et cruel. Les limites entre la vie à la scène, la glorification de cette déchéance, tout cela est maitrisé par Ophüls et il retranscrit toute cette humiliation. Pourtant, j'ai été plutôt déçu par le film, par son fond, l'histoire entière de cette femme et sa vie dont Ophüls ne m'y a que partiellement intéressé, contenant en plus quelques lourdeurs et surtout un manque d'émotions vis-à-vis de son sort. C'est finalement lors des séquences de cirques que l'intérêt et la puissance du film sont les plus forts et les mieux retranscrits.


C'est dommage car le film est, dans la forme, magnifique, que ce soit au niveau des couleurs ou la maîtrise de la caméra par Ophüls tant dans les mouvements que dans les plans ou les techniques (quels plan-séquences !). De plus, Martine Carol livre une remarquable composition, tout en sobriété pour retranscrire les enjeux, la déshumanisation et la cruauté du sort de cette femme.


Décevante dernière pour Max Ophüls, notamment dans l'émotion, la puissance et le fond de l'histoire mais Lola Montès brille aussi par sa beauté formelle, l'ingéniosité dont est toujours capable de faire preuve le metteur en scène de La Ronde ou encore une grande Martine Carol. Après cela, Max Ophüls décédera et laisse derrière lui un immense héritage dont il me tarde encore d'en découvrir toutes les facettes, surtout après avoir été totalement bouleversé par Lettre d'une inconnue et ébloui par des œuvres comme La Ronde ou Le Plaisir.

Docteur_Jivago
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le 25 juin 2015

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