LOLA VERS LA MER (Laurent Micheli, BEL, 2019, 90 min) :


Diffusé en avant-première au Festival du film francophone d'Albi Les Oeillades, Lola vers la mer de Laurent Micheli a mis donc la fièvre au sein du public albigeois et sort grand vainqueur à l’applaudimètre de ce festival riche en émotions. Voir la maire d’Albi remettre le superbe trophée du public à l’actrice transgenre Mya Bollaers démontre décidément toute la force fraternelle du film.


Pour son deuxième long métrage, le réalisateur belge Laurent Micheli propose une histoire transidentitaire inédite. À l’occasion de l’enterrement de sa mère, Lola retrouve Philippe son père brisé par le deuil, et se confronte à nouveau à sa négation paternelle, par rapport à sa transition de devenir une femme. Ce père rejette profondément cette réalité, incompréhensible pour lui, et s’obstine même par déni à continuer de la nommer Lionel. Afin de respecter les dernières volontés de la mère, et de disperser ses cendres contenues dans une urne funéraire vers la mer, une cohabitation forcée s’impose. Sous la forme d’un road movie de résilience, l’histoire se décline entre maladresses et amertume mais sans jugement vis à vis des deux protagonistes, et pointe avec justesse la transphobie ordinaire. La mise en scène aux couleurs pop dès la générique inaugural capte la tension en clivant dans l’espace Lola et son père à travers un format 4:3, et scrute avec acuité la transformation du regard de l’un vers l’autre au fil des kilomètres. Une réalisation qui évoque l’influence formelle et situationnelle du cinéma de Xavier Dolan et utilise aussi une superbe bande sonore structurée de morceaux de classiques et de tubes contemporains, pour envelopper de manière identitaire la complexité des tourments. Une œuvre émouvante, salutaire, portée par un magnifique duo de cinéma, composé par l’écorché Benoît Magimel et la véritable révélation lumineuse qu’est Mya Bollaers. Gageons que cette attachante et salutaire fiction mélodramatique, ode à la différence, inspirée par l’ouverture d’esprit et la bienveillance, permette de donner plus de visibilité aux minorités, et de changer définitivement le regard porté sur la communauté transgenre.


Le Prix du Public du Festival les Oeillades d’Albi 2019 apporte déjà une éloquente réponse positive. Afin que toutes les futures "Lola" ne soient plus jamais confrontées à l’amer…

seb2046
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 10 déc. 2019

Critique lue 1.1K fois

7 j'aime

seb2046

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

7

D'autres avis sur Lola vers la mer

Lola vers la mer
seb2046
7

Lola fuit l'amer..

LOLA VERS LA MER (Laurent Micheli, BEL, 2019, 90 min) : Diffusé en avant-première au Festival du film francophone d'Albi Les Oeillades, Lola vers la mer de Laurent Micheli a mis donc la fièvre au...

le 10 déc. 2019

7 j'aime

Lola vers la mer
Fêtons_le_cinéma
6

La quête d’un horizon commun

La justesse qu’atteint Lola Vers la mer résulte de la prestation de ses deux acteurs principaux, Benoît Magimel et Mya Bollaers, remarquables dans leur rôle respectif de père bourru et de jeune femme...

le 17 juil. 2020

4 j'aime

Lola vers la mer
Fleming
7

Nous t'avions prénommé Lionel ; t'appeler Lola va m'être difficile

Cela résume à peu près l'état d'esprit du père de ce jeune transgenre de 18 ans à la fin du film. Un film que j'ai hésité à aller voir... Mais je n'ai pas regretté d'y être allé. La transidentité...

le 17 déc. 2019

4 j'aime

4

Du même critique

Plaire, aimer et courir vite
seb2046
8

Jacques et le garçon formidable...

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE (2018) de Christophe Honoré Cette superbe romance en plein été 93, conte la rencontre entre Arthur, jeune étudiant breton de 22 ans et Jacques, un écrivain parisien qui a...

le 11 mai 2018

36 j'aime

7

Moi, Tonya
seb2046
7

Wounds and cry...

MOI, TONYA (15,3) (Craig Gillespie, USA, 2018, 121min) : Étonnant Biopic narrant le destin tragique de Tonya Harding, patineuse artistique, célèbre pour être la première à avoir fait un triple axel...

le 19 févr. 2018

34 j'aime

2

La Villa
seb2046
7

La nostalgie camarade...

LA VILLA (14,8) (Robert Guédiguian, FRA, 2017, 107min) : Cette délicate chronique chorale aux résonances sociales et politiques narre le destin de 2 frères et une sœur, réunis dans la villa familiale...

le 30 nov. 2017

30 j'aime

4