Nous t'avions prénommé Lionel ; t'appeler Lola va m'être difficile

Cela résume à peu près l'état d'esprit du père de ce jeune transgenre de 18 ans à la fin du film.
Un film que j'ai hésité à aller voir...
Mais je n'ai pas regretté d'y être allé.
La transidentité est un sujet plus que délicat. Lola vers la mer le traite avec une surprenante délicatesse.
Ça démarre par l'enterrement de la mère de Lola et plutôt couci-couça. Les retrouvailles entre Lola et son père (pour qui elle est toujours Lionel, un Lionel travesti) se passent mal, du fait 1. d'une totale incompréhension du père qui refuse la réalité de Lola et de son transgenre, et 2. de la catastrophe que représente pour Lola la mort de sa mère.
Et puis, à partir du moment où ils décident d'aller ensemble disperser les cendres de leur "chère disparue" là où elle souhaitait qu'elles le soient et qu'ils partent donc en voiture vers la mer du Nord (destination La Panne ou Nieuport, où la petite famille avait vécu dans une maisonnette qu'ils ont gardée), ça devient très bien, très juste. Une bonne partie du film est occupée par une sorte de road movie pendant lequel le père et son enfant réapprennent à se connaître, alors qu'ils ne se voyaient plus depuis deux ans et que le père ignorait presque tout de l'évolution de son fils et notamment que sa femme (qui vient juste de mourir) continuait à voir Lionel en cachette et à le soutenir dans sa détermination de devenir Lola.
Presque tout le film repose sur ce duo Lola / son père, et l'interprétation remarquable et sans fausse note de Benoît Magimel et Mya Bollaers. Le fait que le rôle de Lola soit interprété par la jeune actrice transgenre rend les choses, me semble-t-il, plus simples, plus faciles (presque trop)... alors que dans Girl, le rôle titre étant tenu par un garçon (Victor Polster), on avait, pendant tout le film, en tête (et à l'excès) l'incroyable performance du jeune danseur/acteur.
J'allais oublier : l'intermède dans la boîte de nuit / bordel belge est très réussi.


J'avais peur que le film soit déprimant, traumatisant ou, pire, écrit/tourné avec de gros souliers. Ça n'a pas été le cas. C'est un joli film, sans pathos, assez émouvant... sur un sujet complexe et, je le répète, délicat, mais traité avec simplicité et pas mal de finesse.
Le risque du film étant d'inciter les ados ayant des problèmes d'identité (et dieu sait qu'il y en a !) à devenir ce qu'ils croient être et à se précipiter tête baissée dans le transgenre.

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le 17 déc. 2019

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Fleming

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