Adapter le roman de Nabokov, ce n'était pas la mince affaire, surtout dans les années 60.
En effet, comment montrer sur grand écran une relation entre une nymphette de 12 ans et un homme d'une cinquantaine d'années sans être censuré par le code Hays ? (code de censure appliqué de 1934 à 1966).
Il fallait être ingénieux. Et Kubrick l'a été.
Il a tout d'abord choisi une actrice déjà formée, paraissant plus que son âge afin d'éloigner les médisances, mais surtout il n'a rien, mais absolument rien montré (ça y est je vois que vous êtes déçu là). Non il a préféré tout miser dans la suggestion, dans le non-dit en mettant en place une ambiance malsaine en toute subtilité. L'intégralité du film baigne d'ailleurs dans une atmosphère de pédophilie implicite où tout se déroule dans l'imagination du spectateur, qui se laisse charmer par ce couple sulfureux composé d'une Lolita aguicheuse, sensuelle et provocatrice et d'un Humbert Humbert, dans le rôle d'un amant tragique possessif et impuissant (avouez que rien que son nom présageait déjà le pire).
Une fois de plus Stanley Kubrick signe donc un grand film au caractère intemporel, mêlant avec brio humour cinglant, dégoût et amoralité sur fond de comédie noire.