Pour qui parvient à accrocher à son rythme lancinant, Lone star est une jolie séance. Portée par une écriture solide, la fresque sociale teintée de polar de John Sayles se révèle en effet être une jolie découverte. Au rang de ses qualités, une photographie très maîtrisée qui croque les paysages arides texans avec un coup d'oeil affûté. De même qu'elle parvient à très joliment dessiner les nombreux personnages qui se partagent l'affiche. Une trame simple, et dont le seul but, finalement, est de proposer un état des lieux d'une ville ravagée par de nombreux maux, parmi lesquels s'inscrivent le racisme et la corruption. En prenant pour point de départ le meurtre d'un ancien shérif on ne peut plus véreux, John Sayles s'autorise un petit tour d'horizon des mentalités en plein Texas, et passe en revue une bonne vingtaine d'année pour arriver à la conclusion que rien n'a réellement changé.

On pourra reprocher à Lone Star un rythme moyennement géré, qui parfois nous perd un petit peu. Sayles développe des trames secondaires qui peuvent paraître un peu hors contexte, mais elle servent toutefois l'histoire et sont cohérentes avec les intentions de départ du cinéaste. Ce dernier assume totalement son propos, quitte à perdre son spectateur. Il n'est en effet pas question de se servir de la violence que l'on sent perpétuellement possible pour faire basculer son film vers le spectaculaire. Dans Lone Star, la part belle est faite aux personnages, qu'on se le dise. Et à ce niveau, c'est vraiment un festival de fortes tronches. Les choix de casting ont été faits avec intelligence, tous les acteurs qui se partagent le cadre dans Lone Star sont investis et contribuent au joli portrait de cette Amérique à deux vitesses que tente d'illustrer Sayles (amusant d'y voir Matthew McConaughey en jeune flic droit dans ses bottes).

Il n'y a finalement que dans son dernier quart d'heure que Lone Star s'égare un peu. Pas certain qu'il était nécessaire de sombrer dans le glauque un peu facile pour expliquer le lien fort qui unit les deux âmes soeurs qui ont traversé tout le film pour se retrouver enfin. C'est cohérent et dans la logique de l'histoire, certes, mais un peu hors de propos, à mon sens.
oso
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le 8 juin 2014

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