Ce film n’est pas pour tout le monde. La première demi-heure nous tient en haleine et nous propulse dans l’urgence d’une situation : traverser un pays en guerre sans mourir. Pourquoi ? Par où ? Par qui ? Quand ? Comment ? Aucune indication n’est donnée, ce qui est la véritable force du film. Mais passé cette demi-heure où l’on écarquille les yeux et où l’on éprouve de l’empathie pour un personnage dont on ne connaitra jamais le nom, le film teste notre patience. Car oui, fuir un pays en guerre sans savoir par où passer ni si on sera encore en vie à la fin de la journée, c’est éprouvant. L’incroyable Anamaria Marinca porte le film et le personnage. On s’essouffle avec elle alors qu’elle traîne son corps trop lourd, trop sale, trop épuisé à travers les ruines et la boue. Le spectateur cherche un contexte, une explication, une amélioration. Arielle Javitch nous autorise quelques éclaircies dans un univers froid et implacable. Jamais film n’a été aussi distant et personnage aussi taiseux sur Outbuster. Comme son nom l’indique, l’univers entier semble se tourner vers le spectateur et lui dire : « regarde, étranger. C’est tout ce que tu feras ». Et c’est tout ce que nous ferons. Ce film n’est pas pour tout le monde. Hélas, ce fut le seul et unique film de la réalisatrice, qui a écrit, co-produit et réalisé le film à la seule force de ses bras, à l’image de son personnage. Faire des films, ce n’est pas faire la guerre, c’est plutôt traverser un champ de bataille.