Cali est une ville de saveurs et de couleurs chatoyantes, mais le film passe complètement à côté. L'image est terne, et ressemble à une production des années 90. Pourtant le thème du street art aurait dû amener autre chose, mais ici la ville est anodine, cela pourrait être n'importe quelle banlieue d'une ville en développement. Aucune identité, rien, si ce n'est une culture anglo-saxonne adoptée et calquée bêtement avec des décennies de retard : des punks complètement anachroniques, des skateurs et des graffeurs qui ont 20 ans de retard...
Los hongos traîne en longueur et manque cruellement de saveur et d'excitation, c'est un café décaféiné, pire, un Starbucks au pays du café !
Ruiz Navia ne montre que des paumés : les deux jeunes protagonistes traversent l'écran comme s'ils étaient des seconds rôles permanents, même leur relation d'amitié est bancale. Leurs copains graffeurs n'ont pas tous l'air très bien dans leur peau non plus, le brainstorming autour de la conception de la fresque est assez embarrassant (en plus d'être trop long) et se conclut pas un "mort à Babylone". C'est profond. Que dire des punks, des évangélistes, du père chanteur, des étudiants perchés des beaux arts, de ces jeunes adultes qui se cherchent et ne parviennent même pas à baiser correctement ? Au milieu de ce petit monde, de ces latinos qui se prennent pour des gringos, seule la grand-mère éclaire le film de ses propos pleins de lucidité. Les rares moments de poésie d'un film qui n'en manque que trop.
Pourtant la toute dernière séquence laissait entrevoir une scène touchante, un moment de magie. Dommage que le reste n'ait pas été aussi consistant.