Celui-là aussi, je l'ai encore plus apprécié à la revoyure. D'un point de vue intellectuel, c'est le film puzzle et labyrinthique de Lynch le plus intéressant à analyser et reconstruire, et d'un point de vue "érotique", c'est bien plus sensuel que je m'en souvenais, même si bien entendu cela ne vaut pas Twin Peaks, son précédent film, qui dépasse toute concurrence dans le domaine du 7eme Art, mais peut-être peut-il égaler Mulholland Drive. Car je pense que Lynch est Le cinéaste de l'érotisme, avec sa sensualité pure et tortueuse, ses scènes romantiques qui s’enchaînent sans sens concret (il le dit lui-même), le thème permanent de la jalousie dévastatrice et la psychose sexuelle. Passionnant au niveau visuel comme au niveau sonore (car Lynch est également le cinéaste du son), le film est une véritable course cauchemardesque, vampirique et inquiétante sur une route vertigineuse et sans fin, entraînée par la voix de Bowie, qui est la mémoire troublée et défaillante d'un homme qui semble avoir tué sa femme, et qui offre à la filmographie de son cinéaste son personnage masculin le plus énigmatique et fascinant : Mystery Man. C'est aussi, comme souvent chez le réalisateur, le "magnifique" combat d'un homme (jeune) pour sauver et préserver sa dulcinée.
Première partie lente suivie d'une seconde partie effrénée, Lost Highway est la clôture pour son cinéaste du cauchemar d'une certaine Amérique du XXème, avant de donner la main au rêve bonbon hollywoodien du XXIème siècle.