Sans doute le plus simple de la trilogie hollywoodienne de Lynch, Lost Highway propose un film pas vraiment compliqué à comprendre, et beaucoup moins complexe que Mulholland Drive ou encore Eraserhead. Néanmoins, l'aspect cyclique présent à la fin peut sans doute perturber le spectateur pas habitué aux films de Lynch qui a un talent particulier pour perturber ses spectateurs. Mais tout le principe est là. Le héros est complètement perdu, et le réalisateur parvient sans mal à donner au spectateur les mêmes sensations et réflexion que son héros. Perdu au beau milieu d'une banale histoire de jalousie, paranoïa et névroses, on tombe assez rapidement dans une autre histoire qui semble antérieure, et pourtant ressemblant fort à un film noir. Tous les codes du film noir étant présent: la femme fatale, le mafieu un peu paternel avec des phases psychotique, les flics suspicieux et pas vraiment accordant, et un personnage egnimatique qui semble mettre au diapason toutes les névroses du héros. A tel point qu'on se demande si tout cela n'est pas qu'un fantasme. Et si c'était cela? Le fantasme d'un homme promis à la peine de mort, qui voudrait réécrire sa vie.
La vraie réussite du film est véritablement le mal aise qu'il inspire assez rapidement au spectateur. Talentueux pour cela, David Lynch n'essaie pas de nous présenter son personnage en douceur ou de tenter de le rendre charmant et attirant au spectateur, non, il va nous faire ressentir son mal aise, ses névroses, jusqu'à ce qu'on étouffe et qu'on vibre avec le héros. Passé ce cap, il nous surprend avec une image totalement horrifique du meurtre monstrueux de la femme pour qu'on passe ensuite rapidement à la prison. Le cinéma de Lynch est avant tout sensoriel. Tout n'est que sensation, mal aise, inquiétude et le fait qu'on soit aussi perdu que le héros, ne sachant sur quel pied danser nous rend aussi fragile et plus apte à recevoir les sensations et impressions que voudrait impressionner Lynch dans notre esprit. Moins torturé que Mulholland Drive, plus simple mais aussi plus complexe, Lost Hightway est l'une des meilleures oeuvres de ce réalisateur de talent à ne manquer sous aucun prétexte.