La nuit, je mens.
For relaxing times, make it Suntory time. Ville à la fois moderne et historique, lieu d’un pèlerinage sentimental impromptu. Lui essaye de s'éloigner d'un couple en perdition et, elle, suit son...
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le 16 févr. 2014
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Attention, critique très longue avec quelques révélations et interprétations à la clef ! Donc prenez du Pop Corn !
Sofia Coppola ! Fille de Francis Ford Coppola ! Cousine du célèbre Nicolas Kim Coppola ! Vous ne savez pas qui c'est Nicolas Coppola ? Disons qu'on le connaît sous le nom de Nicolas Cage. C'est claire qu'avec une telle filiation on est en droit de se demander...bah elle a réusss à cause du nom ! Bah oui et non. Car à l'image de Jaden Smith (voir mieux que Jaden Smith, il est sympa dans le remake de Karate Kid mais voilà quoi !), elle s'est quand même fait un nom en réalisant le poignant Virgin Suicide. Lost in Translation est le deuxième film qu'elle a réalisé...avant Marie-Antoinette (ok le film est fun et met en scène une nouvelle fois Kirsten Dunst, mais bon pas transcendant non plus, même s'il est mieux que le fade Adieux à la Reine). A-t-elle réalisé un nouveau film poignant ? Non mais tout de même intéressant.
Niveau réalisation, le film n'a pas grand chose d'innovant en apparence. Cela dit c'est plus à la mise en scène que le film dégage quelque chose de fort. Sofia Coppola mise tout sur la différence entre le jour et la nuit, sur la lumière et l'obscurité. Par exemple. Les plans de Bill Murray alias Bob Harris sont presque toujours sur fond sombre et cela est renforcé par son jeu d'acteur (surtout au début du film). Dans la même veine les plans de Scarlett Johansson sont toujours de jour au début du film avant leur rencontre. On voit que toute le premier acte, chacun d'eux vit dans leur réalité. Bob dans un monde réel où il ne se sent pas heureux et Charlotte dans un monde d'apparence où elle ne se sent pas heureuse; ce qui est assez ironique vu le métier d'acteur de Bob où il est sensé jouer un rôle et le faite que Charlotte est dans un monde sans strass ni paillette. Cela donne au tandem un aspect étrange et dysfonctionnel. Et cela va dans le traitement des personnages.
Nous avons Bob (Bill Murray). Et je vais vous faire une confidence, c'est la première fois où je le vois dans un rôle vraiment dramatique (Bon ok il est un peu dans Moonrise Kingdom). Ouais carrément. La plupart du temps ce sont dans des rôles comiques (Ghostbusters 1 & 2, Un jour sans fin, Charlie's Angel, Space Jam vous avez saisi), ou des caméos fun (Sex Intention ou Bienvenue à Zombiland, il faudrait que je le critique ce film). Là on passe à un tout autre degré. Il incarne parfaitement bien l'acteur sur le déclin qui joue dans des pubs japonaises sans intérêt (étonnant car cela a été une mode à une époque). On sent vraiment l'ennuie qui l'étreint et on le aussi sent perdu dans une ville et une culture qui le laissent plus ou moins de marbre.
Charlotte (Scarlett Johanson avant qu'elle ne devienne la Black Widow de Marvel) est elle aussi excellente. Tout comme Bob elle se sent perdu alors qu'elle ne devrait pas l'être; elle est avec son petit copain qui fait des études de photographie). Dès le premier acte on sent qu'elle est las d'être la petite amie...en culotte rose qui dit oui oui aux envies de son amoureux, mais elle manque de personnalités pour le lui avouer. D'autant plus que le couple n'a pas l'air vraiment dysfonctionnelle, mais on sent qu'elle se sent perdue et délaissée.
A bien des égard, c'est le fait qu'ils se sentent à la fois perdus dans Tokyo au propre et au figuré qui les rassemblent car Bob et Charlotte ne forment pas un couple assorti et le film ne va pas dans ce sens. Ce sont plutôt deux personnes qui se sentent perdus dans une ville et une culture mais au fond ils n'ont pas grands choses en commun (bon l'effet est décuplé par la différence d'âge mais le fait et là).
Même la scène où ils s'embrassent qui est la scène finale tient plus du baisé d'amitié que d'amants. Ils savent qu'ils ne pourront jamais se revoir et décident de garder un souvenir du temps passé entre eux.
Mais pour cela il y a une raison que je développerai plus tard.
Les autres personnages ne sont pas exploités comme nos deux héros mais cela est volontaire. L'histoire ne se concentre que sur Bob et Charlotte , mais ne délaisse pas le reste des personnages.
John (joué par Giovanni Ribisi) est le petit ami de Charlotte. Il n'est pas détestable et est quand même fidèle à cette dernière, mais semble plus accaparé par son travail que par elle. Du coup, il est le petit ami qui ne comprend pas malgré lui sa moitié.
Toute ressemblance avec une situation vécue par vous est purement fortuite et involontaire
Ceci dit, il essaye quand même à l’intéresser à son monde, symbolisé par Kelly (Anna Faris), une amie de John qui même si elle n'est pas très utile permet de dresser le cadre. On comprend que l'incompréhension des 2 personnages vraiment évidents n'est purement pas volontaire des 2 cotés; au bout du compte c'est juste que les 2 n'ont pas eu le même enthousiasme du voyage au Japon.
Et puisqu'on parle de personnages il est temps de décrire Tokyo. Je trouve que la ville est assez bien représentée et n'est pas aussi clichée et caricaturale et ça c'est classe. On exploite surtout la ville la nuit car la journée dans les 2/3 du film, Tokyo est assez similaire à n'importe quelle cité urbaine. Alors que la nuit, la ville vie, avec les bons et les mauvais cotés.
C'est même à cause d'une fusillade à 1/2h du film que Bob et Charlotte se sont rencontrés.
Jusqu'à présent, ils ne connaissaient Tokyo de part leur entourage respectif et la télévision;mais progressivement, tout le long du film, ils découvrent Tokyo de part leur pérégrination et en fonction de leur rapprochement, jusqu'au 3e acte où ils voient Tokyo d'un oeil neuf mais durant la journée cette
fois.
La connaissance de la ville est très bien faite car vers la fin, ils l'ont enfin découverte et ne se sentent plus aussi perdus qu'au début.
L'histoire est en apparence simple et sans surprise. Elle n'est pas attractive dans le sens où elle n'entre pas dans la comédie romantique au sens conventionnelle du terme. Mais plus dans le sens large. Cela vient du faite que Sofia Coppola a eu toute la liberté créative pour mettre sur pied ce film (ce qui semble être de famille cette volonté d'aller à l'encontre des studios). Le film est sans doute l'un des plus personnels de la réalisatrice, dans la mesure où elle s'est inspirée de son vécu pour l'écrire (elle a été à Tokyo pour y apprendre la photographie) et la coproduction avec le Japon lui a permis d'avoir un contrôle sans limite. C'est pour cela que cette comédie romantique n'est pas aussi cadrée que plein d'autres (dans le même ordre d'idée, le plus récent Monde de Charlie est aussi dans la même veine). Le film n'est pas "fun", mais est intéressant et bien écrit. En plus, il gagne en intérêt au fur et à mesure qu'il progresse. Le coté assez lent et elliptique qu'on pourrait reproché est voulu pour bien renforcé le coté déboussolé des personnages et les rendre attachants (d'ailleurs je suis sous le charme de la Scarlett et pas pour sa culotte rose).
Bref, pour un deuxième film, c'est du tout bon. Une histoire simple mais efficace, une bonne réalisation même si elle n'est pas innovante, des personnages attachants et bien interprétés, on ne se sent pas aussi perdu dans ce film mais investis. Ce n'est pas le genre de film que je verrai plusieurs fois mais il plaira sans doutes à ceux qui veulent voir Tokyo non stigmatisé. Il me tarde de voir sa prochaine production qui est ...Bah on ne sait pas car au dernière nouvelle elle s'est retirée du projet de l'adaptation live de la Petite Sirène. Bon ben c'est parti pour les autres films que sont Somewhere et Bling Ring
Version fun de ma critique ici
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Créée
le 24 août 2015
Critique lue 461 fois
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