Il est là! Le premier film écrit et réalisé par Ryan Gosling, est sorti il y a peu dans les salles françaises après un accueil mitigé au dernier Festival de Cannes.
Lost River fait parti de ces films inclassables, qui n'appartiennent pas à une catégorie précise, un genre de conte de fées macabre (pour adultes, évidemment) violent, parfois à la limite du gore, mais très poétique, planant et esthétique. Difficile de juger un film d'une telle ampleur, qui ne repose sans doute pas sur son scénario assez simpliste, mais bel et bien sur ses acteurs (peu connus mais aux performances plus que convaincantes), ses images sublimes, sa photographie, sa bande originale, son décor, et j'en passe.
On est devant un vrai film d'auteur, ambitieux, audacieux, avec de très bonnes idées de mise en scène.
Un personnage défiguré, un cabaret aux "performances gores", une ville fantôme, une cité engloutie sous un lac artificiel, un certaine ambiance post-apo : tout cela pour donner au film une ambiance unique, parfois apaisante, parfois oppressante.
Gosling ne s'en cache, ses inspirations sont assez évidentes, presque explicites : on y voit du David Lynch, du Georges Miller, du Kubrick, du Terrence Malick, du Winding Refn (pas étonnant!). Mais en aucun cas ces influences nuisent à l'ensemble du film, au contraire.
Pour ce qui est des personnages, chacun rempli très bien son contrat, mais je retiens surtout la performance de Matt Smith (connu pour son rôle en tant que Docteur Who) qui interprète "Bully", grand méchant du film, sorte de truand psychopathe angoissant, auto-proclamé "maître de la ville". Autre personnage, qui m'a interpellé, non pas par son jeu, mais par sa présence assez étrange, celui de la grand-mère muette : un personnage 100% "Lynchien".
Bref, pari réussi pour l'ancien interprète de Drive, qui nous livre un premier long-métrage très personnel, un voyage hypnotique, un récit plus visuel que narratif.