"Le beau peut être présent dans toute chose". Telle est la phrase m'étant venue à l'esprit après le visionnage.
S'il y a bien une chose que Ryan Gosling prouve dans Lost River, c'est qu'il est possible de mettre du beau partout et à toutes les sauces. Autant dans le bien que dans le mal, dans l'instinct de survie que dans la folie, ou encore dans la paix que dans la violence; d'où la superbe dernière image d'une maison qui brûle. Image combinant d'innombrables états tels que justement, la violence et la paix, ou encore tristesse en fascination. Deux éléments contradictoires se réunissent par la simple beauté de l'image.
Gosling nous offre toute une série d'images semblables. Aucun plan, semble-t-il, paraît inutile, laid, plat, simplement utile, ou sans signification ni interprétation. Un contenant très riche, doté d'un contenu créatif.
L'impression de suivre un fil rouge n'est pas non plus très présente, bien qu'il y en ait évidemment un. La recherche de beauté des images devient si présente que nous pouvons finir par ne jurer plus que par elle, et se laisser "hypnotiser"; presque comme Frodon tombant dans le marais des morts.
À travers une virtuosité technique indéniable, Ryan Gosling nous présente un langage trop peu ou pauvrement exploité dans le milieu cinématographique : celui des couleurs. Il sait autant se rendre chaleureux qu'agressif ou terre-à-terre que fantaisiste. Les couleurs elles-mêmes, vives, marquées, et lumineuses, sont en contradiction avec le sombre fond du scénario.
Au cours du film sont redécouvertes de nouvelles manières de s'inquiéter pour un personnage, de le détester, d'être curieux, ou encore d'être excité : à travers la beauté et la jovialité des couleurs. Ce qui rend, du coup, toute émotion ambivalente.
Tout cela n'empêche pas néanmoins une certaine ambiance désagréable, justifiée, de planer tout au long du film. On ne le réalise seulement que plus tard, lorsque la raison reprend son plein pouvoir.
La façon la plus claire d'exprimer ce ressenti et cette contradiction serait sûrement de dire que, tout simplement, Lost River donne l'impression de vivre sous l'eau et, par continuité, d'être un habitant de Lost River soumis à la même malédiction.
Pour une première réalisation, c'est bien plus que réussi.