Franchement, Ed Wood vient de me prendre à contrepied là. Je suis juste incapable de dire si j’ai aimé ce film ou non, c’est dire à quel point il m’a dépassé. J’ai toutefois été moins déçu que par La Fiancée du Monstre qui s’avérait nul mais pas tant que ça (je m’attendais quand même à un nanar de choc). Ici on a le droit à un film que l’on n’aura vraiment vu nulle part ailleurs, c’est juste un énorme n’importe quoi. Le problème c’est que ce n’importe quoi est tantôt drôle, tantôt ennuyeux. Dans le panthéon des scènes d’anthologie, on peut déjà citer toutes les apparitions de Béla Lugosi. Entre ses mises en garde sur on-ne-sait quoi (« Bivère… Bivère… ») et ses monologues improbables sur les escargots et les queues de petits chiens, difficile de ne pas succomber à chaque intervention de l’ancien comte Dracula. A quoi sert-il ? Est-ce un narrateur lambda ? Un Dieu ? On n’en sait rien mais ce n’est pas grave vu que c’est juste hilarant ! Comme quoi Ed Wood avait raison d’insister pour avoir Béla Lugosi dans ses films. Il était clairement mon plus gros point d’appréciation dans la Fiancée du Monstre également.
Après il y a une partie du film assez hallucinante vers le milieu où on vire dans la fantasmagorie pure et dure, un peu comme si on s’enfonçait dans un cauchemar nébuleux et halluciné. Et mine de rien ce n’était pas si mal foutu que ça dans l’idée. Bon clairement ça s’étire un peu et il n’y a aucune maîtrise mais le film propose une atmosphère inquiétante et déstabilisante qui fonctionne plutôt bien. Le problème est que Glen or Glenda est tellement perché que tu te demandes si Ed Wood l’a fait exprès. Bon une fois ce passage terminé, on retourne un peu dans le n’importe quoi assez plan-plan qui navigue entre psychologie de comptoir et crise identitaire. Tu sens que Wood a voulu faire une œuvre engagée pour la libre expression des fantasmes les plus secrets. Et mine de rien, ce film est quand même plutôt couillu et osé. Le film offre notamment un ou deux passages bien érotisants durant le trip sous acides plutôt intéressants. Chose assez rare à l’époque de l’application du code Hays.
Après je suis peut-être un vendu vu que j’avais adoré le film de Burton et le traitement du personnage d’Ed Wood qui se révélait juste très naïf et attachant. Du coup, j’avais envie d’aimer ce film. J’imagine sans problème ce réalisateur sans grand talent essayer de faire une oeuvre à sa sauce en inventant des ingrédients au fur et à mesure, porté par sa passion et sa détermination sans failles. Reste que son Glen or Glenda m’a tantôt fait rire au second degré, tantôt intrigué au premier degré et parfois juste sacrément emmerdé. En tout cas je recommande l’expérience, ça vaut clairement le détour surtout pour Lugosi et les quelques passages complètement hallucinants du film. Rien que pour cette capacité à captiver, je trouve quand même que le qualificatif de « pire réalisateur de tous les temps » ne colle pas à Ed Wood. Il y a (et avait) bien pire que lui. Ca fourmille d’idées mais celles-ci sont juste mal accolées et/ou abordées. Puis c’est tellement généreux que je ne peux vraiment pas être méchant avec ce film.
Pull the strrrings ! Pull the STRRRRINGS !