L’école laïque, obligatoire et gratuite est instaurée en France en 1881.
Près de dix ans après, celle-ci est loin d’avoir conquis les campagnes. Le film se déroule en 1889n soit presque 10 ans après. Une institutrice, Louise Violet (Alexandra Lamy), est envoyée par le gouvernement dans un village retiré du centre de la France. A son arrivée, loin de l’accueillir avec égards, c’est l’hostilité des habitants qui l’attend. Il n’existe aucune école et tout ce que Joseph, le maire et aussi le plus gros propriétaire terrien du village (Grégory Gadebois) met à sa disposition est une étable abandonnée encore occupée par une vieille vache.
Louise, qui vient de la ville, est confrontée à un monde rural archaïque et brutal où seuls le facteur (Jérôme Kircher) et le curé (Patrick Pineau) savent lire mais, jaloux de leurs prérogatives, ne lui apportent aucune aide. Celle-ci viendra de la seule personne dont on n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse devenir son alliée, Marthe, la mère de Joseph (Annie Mercier), une paysanne dure à la tâche, illettrée et bougonne.
Mais Louise, qui vient de faire 10 ans de bagne pour avoir participé à la Commune de Paris, en a vu d’autres et ne se décourage pas. Elle finira, à force de patience et de ténacité, à gagner peu à peu les paysans à sa cause.
La catastrophe arrivera cependant de la part de Jules (Ernest Mourier), un enfant rejeté par les autres.
Mon opinion
On a du mal à croire que les premiers instituteurs, à la fin du XIXe siècle, aient pu affronter des conditions de travail aussi difficiles… Louise Violet est un personnage de fiction, sans doute inspiré de celui de Louise Michel, elle aussi institutrice, communarde engagée, et déportée au bagne et, à son retour en France, toujours aussi combative, plusieurs fois emprisonnée. Louise Violet est une sœur apaisée de ce personnage historique. Elle est admirablement interprétée par Alexandra Lamy, loin de son duo comique avec Jean Dujardin dans Un gars, une fille (1999-2003), qui passe toujours à la télévision et n’a pas pris une ride. Bien qu’elle ait joué depuis dans des rôles plus sérieux (La chambre des merveilles 2023), elle n’avait jamais encore assumé un tel personnage de femme forte et déterminée et elle y réussit parfaitement. Un film à voir ne serait-ce que pour montrer aux jeunes générations pour lesquelles tout est dû la chance qu’ils ont de vivre dans un monde où l’éducation et la culture sont à la portée de tous et où, si on en a la volonté, tout est possible pour se sortir d’une condition défavorisée. La scène qui m’a le plus ému est quand Louise distribue à chacun de ses petits élèves un dictionnaire, le plus beau livre qui soit.