Il est des films qui te montrent encore plus que d'autres le fossé qui te sépare de tes éclaireurs. De certains d'entres eux, car on ne choisit pas sans cesse ses éclaireurs de la même manière et pour en parler j'ai d'ailleurs mis en place une liste¹ que tu peux consulter et à laquelle je t'invite à participer sans plus attendre.
Enfin si, attends au moins d'avoir fini de me lire, d'avance merci.


Mais ce sont ceux à qui tu penses en écrivant ta critique parce que c'est mettre le doigt sur le schisme. C'est palper, non pas la prostate mais, la différence d'enthousiasme face à une oeuvre qui n'est pas digne de leur goût en matière de film.
D'une part peu l'on vu, finalement, d'autre part même ceux qui lui accordent une note tout juste honorable se rangent aux côtés du rare à l'avoir critiqué de façon négative.
Et si l'on ne peut pas plaire à tout le monde, et si l'on n'écrit pas simplement pour le like ou l'approbation de quelques uns, avoues que quand même, tu aimerais bien qu'on aime ces petits bâtards fouteurs de merde qui se permettent de faire des films que tu as envie de défendre, envie de porter aux nues.
Au moins un peu.
Parce que, merde alors, il est bien plus facile d'aimer Kurosawa que Wakamatsu!
Oh putain je l'ai dis.


Tosatsu


Eh bien oui, aimer Kurosawa c'est facile. Le mec était génial. Tu trouves pas ça facile d'aimer un mec génial? Mais qui aime ceux qui sont étranges, ceux qui ultra productifs sont capables du meilleurs comme du pire, qui aujourd'hui viens te rabattre les oreilles avec ces réalisateurs qui sont excessifs, qui sont obsédés, par la violence, par le sexe, par l'envie de proposer ceux que bon leur semble aux spectateurs.
Qui dans un élan de mauvaise foi, dénigre ici ce qu'il accepte là, qui préfère une image de pub outrancière à une image numérique sans limite. Qui prend plus son pied devant une petite culotte blanche sous un uniforme d'écolière, plutôt que devant un shorty noir pas même rempli correctement? Qui goûte plus l'intérieur d'une limo plus que le charme d'un derrière d'une quadra qui a du chien tout de même? Qui jubile plus devant un bukkake sur le sable qu'avec un tigre dans une barque?
Qui écoute le boléro, comme il écoute everytime?
Marre de l'excellence, marre du beau, du bon, du goût sûr, du savoureux, marre des plaisirs infini d'un dix sur dix, marre de la certitude de se trouver face à un bon film, marre de devoir passer après tant de critiques laudatives, tant de plumes plus douées, tant de verve.
Marre ! Marre ! Marre !


Ichigo


Je veux de l'incertitude, je veux du danger, je veux passer trois heures et cinquante sept minutes devant un film hystérique, avec un héros qui se travestit, qui photographie de petites culotte pour pécher, qui cherche sa Marie. Je veux entendre du Beethoven à plusieurs reprise, je veux le boléro, magnifique comme dans cette interprétation du Filarmónica de Munich² mené par Sergiu Celibidache qui t'emporte pour plus de dix huit minutes avec les notes de Maurice.
Je veux passer quatre heures devant mon écran et moins me faire chier que devant des films d'une heure et demie ou à peine plus.


Je veux vous dire combien je vous aime, combien je vous estime tous, autant que vous êtes, vous qui avez vu ce film, vous qui ne l'avez pas aimé, vous qui l'avez adoré, vous qui voulez le voir. Oui, je peux te le prêter, dans la mesure du possible, forcément.


Je veux expérimenter tout ça, je veux jouir du cinéma, qu'il soit classique ou moderne, posé ou hystérique, et d'ores et déjà je veux revoir Love Exposure, parce qu'il m'entraine avec lui comme m'entraine le boléro, tournoyer à en perdre la tête, parce que cet amour juvénile est excessif, parce que le film nous livre des personnages loufoques, "moins 50% sur ta tristesse", parce qu'ici on se marre un peu avec la religion, parce que la Femme Scorpion, lacune parmi tant d'autres, je l'ai située, parce que Hikari. Parce que les petites culottes ornées de motif "fraise" ça me plait tout simplement, et parce que je ne veux pas de caution intellectuelle pour kiffer de la petite culotte, parce que je n'en veux pour aucun film qui me font vivre ce genre d'expérience incertaine, de celles qui me donne envie de prendre mes désirs pour des réalités et de mettre en image des idées foutraques, non pas pour dire, moi je fais du cinéma, mais simplement pour dire, je l'ai fait parce que j'en avais envie.


xoxo.


¹ http://www.senscritique.com/liste/Comment_choisis_tu_tes_eclaireurs/314434
² http://youtu.be/AmEJLoawItU

Kenshin
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le 29 oct. 2013

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Kenshin

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