LOVE HUNTERS (14,3) (Ben Young, AUS, 2017, 108min) :
Étouffant thriller psychologique de séquestration racontant l'histoire d'une jeune adolescente naïve kidnappée par un couple d'australien, dans une banlieue de Perth en 1987. Pour son premier long métrage le jeune réalisateur s'appuie sur des faits divers sordides afin d'offrir un film de genre. La première séquence en caméra subjective, distille de suite une atmosphère inquiétante, par de lents mouvements, gros plans et longue focale, où un couple scrute avec perversité un groupe de jeunes joueuses de basket, comme de futures proies à séquestrer, violer, tuer et enterrer ensuite dans le bush austral. Tout au long de ce drame familial, le cinéaste s'essaye à un véritable exercice de style réussi, à l'intérieur d'un huis-clos, où le cahier des charges de ce sous-genre demeure toujours compliqué à détourner et se concentre particulièrement sur la personnalité des ravisseurs que de la victime. Outre une maîtrise ultra précise de son sens du cadre et la stylisation parfois excessive, notamment dans l'abondance de ralentis le cinéaste tente de s'introduire à l'intérieur de la tête des personnages. Plaçant la plupart du temps, de façon judicieuse, la violence en hors-champ, la caméra ausculte au scalpel la part sombre d'une relation amoureuse fusionnelle à l'intérieur de cette maison où le décor et les nombreux rituels confirment le côté obsessionnel et tyrannique de John sur sa femme et son chien. Dans un premier temps l'horreur se vit du point de vue de Vicky, avant que le scénario ne déplace le curseur pour découvrir la situation malsaine du point de vue de la femme complice et amoureuse de son homme pervers délaissant malheureusement par la même l'évolution du personnage de la jeune femme prisonnière. Un récit qui ne cherche ni à faire de morale, ni à expliquer pourquoi de tels actes et n'offre point de rédemption, s'avèrent des atouts qui apportent un peu de complexité à la puissance formelle singulière accompagnant ce projet. Autres points forts de ce film angoissant, le découpage des scènes, un sens du montage indéniable et l'utilisation bien étudiée de différents sons et de standards musicaux, tel le sublime Nights in White Satin du groupe The Moody Blues intervenant à un moment où l'horreur s'installe sous nos yeux. Lors des scènes "chocs" et éprouvantes pour le spectateur le réalisateur prend le parti de ne pas rajouter trop de gore et de glauque à des situations qui suffisent déjà à elles même pour nous mettre bien mal à l'aise. Le cinéaste s'appuie sur un remarquable trio d'acteurs (Ashleigh Cummings, Emma Booth et Stephen Curry) aux interprétations intenses. Pour une première expérience cinématographique brutale, Ben Young propose donc un efficace thriller oppressant malgré certaines longueurs. Un mélodrame conjugal qui fournit de belles promesses visuelles pour son avenir de metteur en scène talentueux dans le maniement de caméra, au service de futures intrigues dont nous seront curieux de les découvrir en plein écran. Venez donc voir ce qu'il se passe à l'intérieur des maisons pavillonnaires, où l'amour troublé se matérialise violemment dans le dérangeant Love Hunters. Rude. Captivant. Prenant.