Un film de transition pour Stephen Chow qui délaisse ici les polars et les séries B où il tenait des seconds rôles. Le virage dans la pure comédie non-sensique n'est pas encore acté et Love is love est une comédie romantique assez traditionnelle. Du moins en grande partie car la dimension sociale du film offre quelques séquences étonnantes qu'on ne verrait pas forcément à Hollywood. Ainsi l'épouse de Stephen Chow est contrainte de se prostituer pour pouvoir lui donner l'argent qu'il doit offrir à son futur employé s'il veut avoir le poste (un genre de pot de vin typiquement asiatique).
Pour autant le film n'est pas non plus dramatique ni volontairement réaliste dans sa chronique sociale. C'est surtout un petit ancrage permettant d'approfondir les personnages qui se révèlent très attachant et assez humains, de quoi donner suffisamment de corps pour qu'on suive ce modeste film sans trop d'encombre car il faut reconnaître que ce n'est ni particulièrement bien filmé, ni très original, ni foncièrement drôle (tout en évitant le mauvais goût, ce qui est un très bon point vu le sujet et certains quiproquos). Et le trio fonctionne assez bien : Stephen Chow, Sandra Ng et Suki Kwan
On sent une certaine sincérité et honnêteté dans l'approche et l’interprétation qui n'ont rien de cyniques et qui compensent ses nombreuses lacunes.
Quant à Stephen Chow, on perçoit qu'il y a un talent comique qui ne demande qu'à s'épanouir. Il arrive déjà à (inter)caler quelques expression faciales qui témoignent d'un vrai timing comique où l'absurde n'est jamais bien loin comme lors de la séquence où il passe un entretien d’embauche, ruinant la petite figurine d'une secrétaire qu'il essaie de reconstituer tant bien que mal.
Rien d'indispensable et encore moins d'incontournable. Même si j'ai trouvé ça sympa, je me vois mal le conseiller.