Le sud des Etats-Unis est un univers mythique où les lieux sont intimement liés à l'histoire. Pour l'évoquer, on peut citer une multitude d’immenses écrivains, en commençant par le maître, Faulkner, en continuant par Tennessee Williams, Steinbeck ou Erskine Caldwell et en terminant (dans un panorama très abrégé) par Carson McCullers sous le signe de laquelle se place d'emblée le film et qui en délivrera sa vérité. Pour son premier film, Shainee Gabel a choisi de rapporter une histoire du sud, lente et lourde comme un roman de l'un d'eux, un récit fleuve (si j’ose dire pour un pays à ce point marqué par un cours d’eau), une histoire de famille, d'amour et de destinée où le temps s'écoule au rythme des vieux blues que l'on danse paresseusement en guettant la prochaine crue du Mississipi. Dans les rôles principaux, John Travolta et Scarlett Johansson sont très bons, sans pathos ni excès. C’est d’ailleurs là le principal mérite de cet essai réussi qui nous tient en haleine pendant deux heures avec une histoire où en apparence il ne se passe rien mais où comme toujours dans le Sud, les secrets vont surgir et révéler les uns aux autres en même temps qu'ils créent des cicatrices indélébiles, secrets de naissance, d’identité, d’amour… La bande son est superbe et s’accorde tout au long sans jamais être redondante. Une vraie œuvre.